Qui saurait deviner les chemins que la musique emprunte pour toucher l'esprit des jeunes et changer leur destin? Pour Yan England, qui animait le premier d'une série de trois concerts jeunesse, hier, à l'OSM, la musique a toujours été une source d'inspiration.

«Elle fait partie de ma vie depuis que je suis tout petit, dit-il. Dès mon plus jeune âge, j'ai suivi des cours de piano, puis au secondaire, j'ai joué du saxophone et fait partie d'orchestres d'harmonie scolaire. Tous les midis, je faisais de la musique. Quand j'ai passé les auditions pour jouer dans Watatatow, à 8 ans, j'ai été choisi parce que je savais jouer du piano.»

Encore aujourd'hui, la musique inspire son écriture. C'est d'ailleurs un air de l'opéra Cavalleria Rusticana, de Mascagni, qui l'a inspiré pour créer son court métrage, Henry.

Il ne s'est donc pas fait prier pour animer ce concert devant une Maison symphonique remplie de jeunes du secondaire qui ont semblé bien apprécier leur expérience. Il faut dire que le spectacle, très réussi, est conçu pour captiver leur attention. En jumelant la musique au cinéma d'animation, au théâtre corporel et au speed painting, une technique de peinture digitale réalisée en direct, on a visé juste.

D'entrée de jeu, l'animateur donne le ton: «Ici, c'est le meilleur endroit pour crier à Montréal!», lance-t-il, testant l'acoustique en faisant crier la foule à son signal.

Dylan, 14 ans et élève de l'école secondaire Frenette, à Saint-Jérôme, n'avait jamais assisté au concert d'un orchestre symphonique auparavant. Il est impressionné.

«Le son peut être puissant, mais on entend aussi clairement quand il est doux», observe-t-il.

Au total, 5000 jeunes provenant d'écoles secondaires du Grand Montréal assisteront cette semaine à cette série de concerts mariant la musique aux autres arts. Et au total, 20 000 jeunes assisteront aux matinées symphoniques de l'OSM cette année.

Un public attentif

Nathan Brock, qui dirige la plupart des concerts jeunesse de l'OSM depuis quatre ans, croit que l'on sous-estime les adolescents en s'imaginant que leur capacité de concentration est vraiment volatile.

«Sur scène, on ressent bien ce qui se passe chez les spectateurs, dit-il. Et on est toujours surpris par la qualité de l'attention des jeunes. Ils sont vraiment là, avec nous. C'est pour cela que j'ai voulu leur présenter des oeuvres majeures assez exigeantes. C'est injuste de les sous-estimer en leur donnant toutes les réponses. Je préfère leur lancer des défis: c'est ça, le but de l'éducation.»

C'est ainsi que les jeunes spectateurs ont pu entendre The Chairman Dances, une pièce de 13 minutes dérivée de l'opéra de John Adams Nixon in China et composée en 1985. Devant l'orchestre, la comédienne Anne Sabourin exécute une chorégraphie de théâtre corporel.

Le clou du spectacle est certainement les Tableaux d'une exposition de Moussorgski, accompagnés d'une performance du dessinateur Jeik Dion. À l'aide d'une tablette graphique et d'un ordinateur, ses peintures numériques projetées sur grand écran se métamorphosent avec la musique, créant des paysages post-apocalyptiques.