Les décibels élevés provenant des soirées du Salon urbain de la Place des Arts, situé juste en face des portes de la Maison symphonique, ne sont pas du goût des mélomanes lorsqu'ils sortent des concerts.

Excédés, plus de 200 d'entre eux ont adressé une lettre commune à l'OSM et aux autres organismes locataires de la salle de concert pour tenter de faire taire ce qu'ils qualifient de «musique de discothèque tonitruante». Les événements reprochés seraient survenus surtout en novembre et en décembre 2013.

C'est le musicologue Guy Marchand qui a lancé la pétition et recueilli en 10 jours 220 signatures, et le nombre continue d'augmenter. La lettre, que La Presse a obtenue, est adressée directement à la haute direction de l'OSM. Des copies ont également été adressées à l'Orchestre métropolitain, Pro Musica, les Violons du Roy et I Musici de Montréal.

C'est après avoir entendu de nombreux commentaires négatifs de la part de mélomanes dans son entourage que Guy Marchand a décidé d'agir.

«J'avais déjà entrepris des démarches auprès de l'administration de la Place des Arts au printemps dernier, dit-il. Une première lettre dénonçant la situation avait alors été publiée dans Le Devoir. La direction de la Place des Arts avait promis d'agir, mais depuis, nous avons plutôt constaté que le nombre de partys les soirs de concerts s'est multiplié et que des publicités pour louer le Salon urbain à des fins de soirées privées sont apparues sur leur site internet. On s'adresse maintenant aux organismes musicaux qui utilisent la Maison symphonique dans l'espoir qu'ils exercent des pressions sur la Place des Arts.»

Pour le musicologue, la présence de soirées privées bruyantes aux portes mêmes du temple de la musique classique constitue en soi une aberration.

«Ce ne sont pas les endroits qui manquent à Montréal pour faire des partys de bureau ni les discothèques, ajoute-t-il. Mais il n'y a qu'un endroit consacré à la musique classique et c'est la Maison symphonique. Quand on vient d'entendre un chef-d'oeuvre et qu'on se fait assommer par une musique assourdissante en sortant du concert, cela ruine notre expérience.»

Grâce à l'isolation de la Maison symphonique, la musique provenant du Salon urbain n'est heureusement pas audible à l'intérieur même de la salle de concert. Toutefois, selon les signataires, elle le serait dans son foyer d'accueil, là où se déroulent les entractes.

«On peut même entendre les boom-boom de la basse jusqu'au dernier étage du foyer», mentionne la pétition, qui suggère à la Place des Arts de donner une nouvelle vocation moins bruyante à son Salon urbain, par exemple une galerie d'art.

Problème de bruit

Madeleine Careau, directrice générale de l'OSM, admet que le bruit semble importuner plusieurs abonnés et affirme avoir rencontré les autorités de la Place des Arts pour discuter du problème la semaine dernière.

«Ils nous ont dit qu'ils allaient prendre des mesures pour éviter que cela se reproduise, dit-elle. De notre côté, nous allons nous assurer que les portes de la Maison symphonique resteront bien fermées pour que le son ne pénètre pas dans le foyer d'accueil.»

À la Place des Arts, on affirme avoir fait des efforts pour contrôler le bruit lors des partys, mais sans obtenir le succès espéré. Denise Melillo, directrice des relations publiques de la Place des Arts, explique que certains contrats de location étaient signés depuis longtemps pour des partys de Noël, et qu'il n'a pas été possible de contrôler l'intensité du bruit une fois les gens sur place.

Dans une réponse adressée à Guy Marchand, le PDG de la Place des Arts, Marc Blondeau, assure que «les ententes de location pour la tenue d'événements au Salon urbain tiennent compte des activités programmées à la Maison symphonique et que ces événements n'auront pas l'ambiance tonitruante que vous déplorez».

Le musicologue, qui dit parler au nom de l'ensemble des signataires, ne s'estime pas pour autant rassuré. «Cette réponse ressemble à celle qui avait été faite publiquement le printemps dernier, dit-il. Nous osons croire qu'il s'agit cette fois-ci d'un engagement ferme, mais si les activités tapageuses devaient se reproduire, nous n'hésiterons pas à revenir à la charge.»