À 20 ans, Caroline Séguin est devenue membre de l'Orchestre de Trois-Rivières, et elle en avait à peine 22 quand l'Orchestre Métropolitain (OM) l'a accueillie dans ses rangs. Aujourd'hui, des musiciens qu'elle a côtoyés à l'école commencent à peine à décrocher des postes dans des orchestres.

«L'OM s'est formé il y a une trentaine d'années, il a à peu près le même âge que moi, dit-elle. À ce moment-là, il y avait plein de travail à la radio et la musique de pub était faite par de vrais musiciens. Aussi, les facultés universitaires étaient moins grandes, donc c'était un petit groupe de musiciens pour plus de travail. Les musiciens sont assez créatifs pour trouver de nouvelles façons de vivre de ce qu'ils font, mais pas nécessairement en étant juste des musiciens d'orchestre. Ça devient un but, mais ce n'est plus la finalité.»

Le milieu de la musique classique, hyper compétitif, est axé sur la performance dès l'école. Caroline entend des histoires de dépression, de suicide même. Elle en prend et elle en laisse, mais elle sait que le stress pèse très lourd sur les musiciens qui sont souvent laissés à eux-mêmes.

Son intérêt relativement récent pour le coaching n'est pas étranger à cette situation même si elle en parle comme d'un «premier élan un peu irrationnel». Depuis deux ans, cette mère de deux jeunes enfants étudie au Centre québécois de programmation neuro linguistique (PNL) dans le but de devenir coach de vie en même temps qu'elle se partage entre l'OM et l'Orchestre de Trois-Rivières.

«Le coaching, en général, c'est basé sur un projet, un objectif précis, précise-t-elle. Et ça se termine quand l'objectif est atteint, ça ne dure pas deux ans. Plusieurs musiciens sont allés voir des coachs PNL, parfois même des coachs sportifs, pour se préparer à des auditions. Une audition, c'est de la performance et de la pression en continu: on se met dans une bulle et on ne fait que ça pendant un certain laps de temps. C'est des Jeux olympiques, on pousse la performance au maximum. On nous dit quoi jouer et parfois ça dure à peine 30 secondes, et il faut qu'on soit parfait à ce moment précis, pas dans son local, pas cinq minutes après.»

Cet «intérêt pour l'autre» lui serait sans doute venu même si elle n'avait pas 12 ans d'expérience dans des orchestres, croit-elle. Il se manifeste également dans son travail de représentante des musiciens à l'OM. «C'est là que j'utilise ma créativité, dit-elle. Être musicien dans un orchestre, je ne trouve pas que ça demande de la créativité. Pour un soliste peut-être, mais un musicien d'orchestre utilise davantage sa sensibilité que sa créativité.»

Caroline Séguin

> 32 ans

> Piccolo solo

> Membre de l'OM depuis 10 ans

> Également membre de l'Orchestre de Trois-Rivières