Il y a eu Mozart, et puis celui qu'on a surnommé le petit Mozart canadien: André Mathieu. Or ce n'est pas un hasard si tous deux se sont retrouvés réunis par leur musique, hier soir, à la salle Carnegie Hall de New York. Une soirée haute en couleur et riche en émotion marquant les débuts du pianiste Alain Lefèvre à Carnegie Hall et le retour de la musique d'André Mathieu dans la salle où il a connu ses premiers succès.

Mozart et sa Symphonie no36, c'était l'entrée en matière, le chemin qui, plus de deux siècles plus tard, menait à André Mathieu et à ce touchant Concertino no 2 offert immédiatement après la Symphonie en do majeur.

La salle de plus de 2000 places n'était pas complètement pleine, mais elle n'était pas vide non plus. Aux premières loges, un important contingent de Québécois, amis d'Alain Lefèvre et supporteurs de sa croisade pour la réhabilitation de Mathieu. Plusieurs faisaient partie d'un vol nolisé parti le matin même de Montréal, comptant notamment Mitsou, Dominique Bertrand, Jean-Luc Mongrain et des gens d'affaires comme Jean-Pierre Léger, Maurice Pinsonneault, Jean Fabi ou encore Bernard Voyer et l'avocat André Joli-Coeur.

Plusieurs n'avaient jamais entendu le Concertino et encore moins le Concerto no4 de Mathieu, une pièce époustouflante et étourdissante de 45 minutes menée de main de maître par la chef d'orchestre américaine Joanne Falletta et interprétée avec une énergie proprement volcanique tant par Alain Lefèvre que par l'Orchestra of St Luke. La chimie entre le pianiste québécois et cet orchestre à la sonorité riche, subtile et chatoyante a opéré immédiatement, chacun se nourrissant de l'énergie de l'autre et chacun y prenant un plaisir mutuel manifeste.

La finale tout en fracas venait à peine de retentir que la salle était debout, Québécois et New-Yorkais confondus. Trois rappels enthousiastes ont ramené Lefèvre et l'orchestre sur scène.

Puis, pour remercier ses amis et admirateurs, Lefèvre a offert un court prélude romantique d'André Mathieu avant de saluer le public une dernière fois.

Si André Mathieu était encore de ce monde, il aurait été fier de constater que 70 ans après son ultime concert new-yorkais, sa musique fait encore trembler les murs de Carnegie Hall et vibrer les coeurs des gens.