Dans l'année qui a suivi les attaques du 11 septembre 2001, Bruno Pelletier a monté un spectacle de Noël avec Simon Leclerc et l'Orchestre symphonique de Montréal. Et ce power trio, si on peut l'appeler ainsi, a rempli la basilique Notre-Dame en décembre 2002, deux mois avant l'invasion de l'Irak.

«C'était une période sombre et, avec Simon, j'avais voulu m'éloigner un peu du côté festif de Noël pour aller vers quelque chose de plus apaisant», nous disait le chanteur hier, à une semaine de ses retrouvailles avec l'OSM que dirigera encore mardi prochain à la basilique Simon Leclerc, toujours l'un des chefs d'orchestre québécois les plus demandés.

Le CD tiré du spectacle de Noël 2002 - Bruno Pelletier et l'OSM - Concert de Noël - , s'est vendu à ce jour à plus de 150 000 exemplaires, vulgaire chiffre qui n'en montre pas moins le succès de la chose, où n'apparaissaient ni le père Noël ni le petit renne au nez rouge... Dans sa volonté d'apaisement, Pelletier - qui avait alors 40 ans - avait chanté What a Wonderful World (Louis Armstrong), Imagine (John Lennon), Quand les hommes vivront d'amour (Raymond Lévesque) et son propre Miserere, auxquels s'ajoutaient les classiques de Noël tels Sainte nuit, Minuit, chrétiens et Adeste fideles.

La qualité du CD a valu à Pelletier des invitations d'orchestres symphoniques à Kiev, à Moscou et à Saint-Pétersbourg, collaborations qui lui ont permis de comprendre ce que son ami Leclerc lui expliquait: les orchestres symphoniques diffèrent grandement en termes de personnalité et de qualité. «Au risque d'avoir l'air téteux, je dirais que l'OSM reste dans le haut du palmarès...»

- Vous êtes ce qu'on appelle un chanteur à voix. Comment se marie cette puissance à celle d'un orchestre symphonique?

- Tout est dans la douceur qui se dégage des arrangements de Simon: ce gars-là est un merveilleux orchestrateur. La puissance? Ce n'est pas un facteur... Pour moi, seules comptent les fréquences qui arrivent jusqu'au coeur.

Un si long chemin, que Bruno Pelletier a écrite (avec Leclerc) pour sa soeur qui a survécu au cancer, risque de faire vibrer les bonnes cordes. Loin du tapage «fun-pub-télé» du «temps des Fêtes»... «On devrait faire un panier de Noël une fois par mois pour ceux qui sont dans le besoin», lance Bruno Pelletier, en insistant sur la nécessité de «s'arrêter» pour penser aux autres, aux autres façons de vivre et d'avancer. Ensemble, comme dans la chanson du disque.

Lac-Mégantic

Pour ces autres, justement, qui ont perdu 47 des leurs et la moitié de leur ville, Bruno Pelletier sera à Lac-Mégantic trois jours avant Noël, là où l'OSM et Kent Nagano ont livré une prestation historique, le mois dernier. Pelletier y chantera gratuitement le 22 décembre à 14h avec son quatuor «Noël intime» - piano, violon, alto, violoncelle. «Parce qu'on ne peut pas se promener à l'année avec un orchestre symphonique...»

Mais on peut chanter de temps en temps avec l'OSM quand on s'appelle Bruno Pellletier. «Je suis content de pouvoir souligner les 10 ans du spectacle et du CD. C'est drôle, si j'avais à le refaire, je choisirais exactement la même approche qu'en 2002... Avec ce qui se passe en Syrie et les tensions que l'on connaît nous-mêmes ici...»

Ô nuit de paix...