Le chef français Marc Minkowski carbure au coca: de quoi affronter une saison dense, qui s'ouvre à Grenoble avec L'histoire du soldat de Stravinsky et culminera en janvier avec la Semaine Mozart qu'il dirige à Salzbourg, en Autriche.

Barbe poivre et sel, léger embonpoint et sourire malicieux: Marc Minkowski charme par sa gentillesse, qui en fait un des chefs français les plus populaires dans le monde.

À Grenoble, L'histoire du soldat et El amor brujo (L'amour sorcier) de Manuel de Falla, créés en diptyque du 16 au 19 octobre, réunissent pour la première fois les trois artistes en résidence, le chorégraphe Jean-Claude Gallotta, le metteur en scène Jacques Osinski et les Musiciens du Louvre de Minkowski. Le diptyque sera repris à l'Opéra comique à Paris du 5 au 7 avril.

La distribution est audacieuse, puisque c'est la chanteuse de variété française Olivia Ruiz (La femme chocolat) qui chante la sorcière dans l'oeuvre de Manuel de Falla. «Olivia Ruiz a une vraie culture du flamenco, et les morceaux de L'amour sorcier sont tirés très directement de cette tradition», a expliqué le chef.

«C'est un opéra que j'ai joué au basson dans ma première carrière», a-t-il rappelé lors de la présentation de sa saison à Paris. «Maintenant, il faut le faire passer des lèvres aux oreilles des musiciens», dit-il en souriant.

Dans la foulée, son ensemble de musique ancienne Les Musiciens du Louvre donnera en mars un deuxième opéra, Orfeo ed Euridice de Gluck, dans sa version originale (Vienne 1762), après sa création en janvier lors de la Semaine Mozart (Mozartwoche), le festival d'hiver de Salzbourg dirigé pour la deuxième année par Marc Minkowski.

La Semaine Mozart, onze jours de concerts et d'opéra autour de la naissance de Mozart le 27 janvier, accueille 25 000 visiteurs de 20 pays. Le festival donne généralement un opéra de Mozart (Lucio Silla l'an dernier) mais fait cette fois une exception pour Gluck, à la fois parce qu'il s'agit du tricentenaire de sa naissance en 1714 et parce qu'il est aussi «quelque part un père spirituel pour Mozart», selon Minkowski.

Bartabas à Salzbourg

Marc Minkowski dirigera aussi à Salzbourg en première mondiale une oeuvre commandée au grand compositeur contemporain Arvo Pärt, la version orchestrale (Swan Song) d'une pièce chorale de 2001, lors d'un concert avec les prestigieux Wiener Philharmoniker. Une «chance», a souligné Marc Minkowski, puisqu'«Arvo Pärt n'écrit presque plus».

La saison s'annonce plus que chargée pour Minkowski, de la reprise d'Hamlet à Bruxelles en décembre à Faust de Gounod à Amsterdam (mai), ainsi que deux nouvelles productions au festival d'Aix-en-Provence l'été prochain, Il Turco in Italia de Rossini et Les Boréades de Rameau... sans parler des concerts dans le monde entier.

Le chef français est de plus en plus sollicité et «son radar» lui dit que la cote d'alerte est bientôt atteinte. Aussi les Musiciens du Louvre, qui jouent sur instruments d'époque, se produiront parfois cette saison sans leur chef, le premier violon prenant le relais.

Marc Minkowski caresse aussi l'idée de «chefs invités» comme le vénézuélien Gustavo Dudamel, ou Simon Rattle «lorsque son emploi du temps sera moins chargé!»

La programmation de la Semaine Mozart est déjà bien engagée pour 2015, avec un projet avec le Français Bartabas, fondateur du Théâtre équestre Zingaro, autour d'oratorios de Mozart dans le «manège aux rochers», la troisième salle de concerts de Salzbourg, autrefois un véritable manège.

Minkowski, dont c'est la deuxième programmation de la Semaine Mozart, devrait être renouvelé en 2015 jusqu'en 2017, a indiqué le directeur général de la Fondation Mozarteum Salzbourg, Matthias Schultz.