Selon cette mode discutable et fort répandue qui consiste à donner des «titres» aux concerts, celui de cette semaine à l'OSM est ainsi coiffé : «James Ehnes joue Mozart». Et vlan! pour la troisième Symphonie de Bruckner, qui est pourtant l'oeuvre majeure du programme.

Indépendamment de ce qu'on peut penser de Kent Nagano, il est, pour l'instant, le chef de l'OSM et compte certainement, ne serait-ce que sur le simple plan médiatique, autant que le jeune violoniste du Manitoba. Pourtant, c'est à ce dernier et à son petit Mozart de 25 minutes que l'OSM donne la vedette, alors que la troisième Symphonie de Bruckner couronne le concert avec ses 57 minutes, soit plus de deux fois la durée du concerto.

Nagano et l'OSM nous donnent là un magnifique Bruckner. Après être revenu, il y a 10 ans, à la version originale de 1873 pour son enregistrement avec son orchestre de Berlin, Nagano a choisi cette fois la version finale de 1889, qui fait 57 minutes et est donc plus courte d'une douzaine de minutes.

On sait que Nézet-Séguin et le Métropolitain donneront en juin le même Bruckner, dans la même version de 1889. Mais on ne sait pas qui, des deux, a eu l'idée le premier...

Nagano avait annoncé 57 minutes et son Bruckner dure, très exactement, 57 minutes. Cette troisième n'est pas la plus importante du corpus : il y a là des naïvetés et, même après coupures, des longueurs. Mais Nagano dirige cette musique avec une affection qui se communique à l'auditeur. Il la laisse respirer naturellement, éclater dans toute sa puissance ou sourire délicieusement. Peu de réserves : des cuivres ici et là trop forts, quelques attaques imprécises, des détails de dynamique à revoir.

Après une impressionnante ouverture de concert qui est celle de La Flûte enchantée, Ehnes s'engage dans un autre Mozart : le Concerto K. 219. Articulation, égalité du son, justesse, musicalité : tout est irréprochable et confère de la dimension à cette musique plutôt terne. Ehnes ornemente sur des points d'orgue et joue des cadences non identifiées.

Avant le concert, le personnel empressé de la Maison symphonique distribue déjà le programme de samedi soir, où s'ajoutera une création de Nicolas Gilbert pour les 50 ans de la Place des Arts.

    

> Orchestre symphonique de Montréal. Chef d'orchestre : Kent Nagano. Soliste : James Ehnes, violoniste. Jeudi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Reprise samedi, 20 h.

Programme :

Ouverture de l'opéra Die Zauberflöte, K. 620 (1791) - Mozart

Concerto pour violon et orchestre no 5, en la majeur, K. 219 (1775) - Mozart

Symphonie no 3, en ré mineur (1873, révision finale de 1889, édition Leopold Nowak, 1959) - Bruckner