Johann Vexo, l'organiste français qui clôturait dimanche la série estivale au Casavant de la Basilique Notre-Dame, avait consacré à Maurice Duruflé le programme réglementaire de la série, soit une heure sans entracte.

Titulaire de la Cathédrale de Nancy, sa ville natale, l'organiste de 35 ans est aussi le titulaire de l'orgue de choeur à Notre-Dame de Paris. Il joua ici deux fois précédemment: aux Saints-Anges de Lachine et à St. James United.

Son choix de Duruflé était intéressant et d'ailleurs endossé par son hôte Pierre Grandmaison, qui fut l'élève de Duruflé et de sa femme Marie-Madeleine. Né en 1902 et mort en 1986, Duruflé étudia avec Tournemire, Vierne, Widor et Gigout, entre autres, et fut titulaire à Saint-Étienne-du-Mont pendant une cinquantaine d'années; il créa notamment le Concerto de Poulenc et en établit même la registration. Bref, il possédait une connaissance complète des possibilités de l'orgue, comme en témoignent ses oeuvres destinées à l'instrument.

Bien que peu nombreuses, ces oeuvres occupent une place importante dans le répertoire de l'instrument. Elles sont très travaillées, très pensées, voire intellectuelles et un peu arides. Pour certains passages, Duruflé indique même deux versions, selon l'instrument dont dispose l'exécutant.    L'invité avait retenu les trois titres les plus connus: Prélude, Adagio et Choral varié sur le Veni Creator, op. 4, de 1930, Prélude et Fugue sur le nom d'Alain, op. 7, de 1942, et, comme fin de récital, la Suite op. 5 en trois mouvements, de 1933.

Très à l'aise sur cet orgue nouveau pour lui, Johann Vexo y créa des registrations fidèles à ce qu'indique Duruflé - à leur esprit, en tout cas, car certaines adaptations sont toujours inévitables. Si, dans l'op. 4, le thème du Veni Creator est difficilement repérable, c'est que l'auteur l'a certainement voulu ainsi. De même, dans l'op. 7, le thème correspondant au nom Alain est une énigme. En fait, les éléments les plus captivants ici sont les citations de Litanies, la pièce la plus connue de Jehan, le frère de la célèbre Marie-Claire.

Des trois oeuvres, la plus accessible reste la Suite de 1933, avec son lent Prélude, indiqué «tristamente» et abordé comme tel, sa tendre Sicilienne, que l'organiste colora délicatement, et sa tonitruante Toccata finale, à la Widor, qu'il enleva brillamment en faisant appel à l'orgue tout entier.

Johann Vexo, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).