Jean-Philippe Tremblay aura navigué cet été entre deux orchestres de formation: l'Orchestre de la Francophonie, qu'il a fondé en 2001, et le Youth Orchestra of the Americas, dont il est présentement le chef invité dans quatre pays d'Amérique centrale. Ce qui explique que l'«édition 2013» de son orchestre débutera sans lui. Il est quand même revenu cette semaine pour deux jours de répétitions.

Il a donc confié le premier des 12 concerts de la saison, mercredi soir, 19 h 30, au Pollack Hall de McGill, à un chef invité, l'ex-trompettiste Douglas Pace Sturdevant. Mais il sera au pupitre à tous les concerts suivants.

Des 12 concerts, huit seront donnés à Montréal. Les autres auront lieu au Centre national des Arts, d'Ottawa, au Domaine Forget, à la Cathédrale de Mont-Laurier (au Festival des Hautes-Laurentides) et au dîner annuel du Concours musical international de Montréal, à Dunham.

Le concert d'Ottawa rappellera les origines de l'orchestre, créé comme volet culturel des Jeux de la Francophonie de 2001, à Ottawa et Hull. 

Du nom d'origine, «Orchestre de la Francophonie canadienne», on a retranché il y a quelques années le mot «canadienne», explique M. Tremblay, «pour attirer de jeunes musiciens de tous les pays de la Francophonie».

Les effectifs sont renouvelés à 80 % chaque année, «de façon à ce que l'orchestre sonne toujours neuf», dit-il. Toutefois, pour des raisons budgétaires, le nombre de musiciens passe cette année de 75 à 50.

Beethoven d'abord

Comment choisit-il le répertoire? 

«Toujours en fonction de sa valeur pédagogique. Parce que nous sommes une académie orchestrale. Forcément, les Symphonies de Beethoven viennent en premier lieu, en raison de ce qu'elles représentent dans l'histoire de la musique et dans l'histoire de l'orchestre. C'est le pain quotidien d'un musicien d'orchestre. Impossible de passer à côté. C'est aussi le compositeur que je préfère comme chef, comme musicien d'orchestre (j'en ai joué beaucoup comme altiste) et comme auditeur. Mais Brahms, Schumann et Bruckner ne sont pas tellement loin...»

De Beethoven, l'OF jouera cet été la septième Symphonie, le cinquième Concerto pour piano (l'Empereur), avec Serhiy Salov, le Concerto pour violon et le Triple Concerto (pour piano, violon et violoncelle). Haydn, Mozart, Mendelssohn, Tchaïkovsky, Richard Strauss et Debussy ne seront pas oubliés.

Comme toujours, une bonne place sera faite aux jeunes compositeurs d'ici et d'ailleurs. 

Ainsi, l'OF créera avec la soprano Pascale Beaudin une pièce dont Frédéric Chiasson a écrit texte et musique - une pièce « tonale», rassure M. Tremblay. Il a aussi choisi une pièce d'Olivier Larue, l'un des jeunes compositeurs les plus joués par l'OF et dont il dit aimer le côté «cinématographique». 

Cette fois, Larue a composé pour deux clarinettes seules. «Comme il n'y a pas de clarinettes dans la Symphonie Jupiter de Mozart, la pièce jouée par nos deux extraordinaires clarinettistes lui servira d'introduction. Le chef de l'OF donnera aussi la parole à Guillaume Connesson, «sorte de superstar de la jeune musique française actuelle».

Certains concerts comprendront des activités spéciales. Ainsi, pour la Valse Empereur de Johann Strauss, inscrite au même programme que l'Empereur de Beethoven, l'OF a invité dans ses rangs des jeunes du Garage à Musique, programme de pédiatrie en milieu défavorisé animé par le docteur Gilles Julien.

Un petit plat «musical»

Par ailleurs, à la Société des arts technologiques, les musiciens se produiront avec le percussionniste Jean-Philippe Goncalves. 

«Ça leur fait découvrir autre chose, dit M. Tremblay. Comme l'OSM et l'OM font du "pop", cela fera partie de leur carrière.» Le concert final, le 17 août, est l'une des activités du Omnivore World Tour

«Nous avons soumis une dizaine des pièces de notre saison aux jeunes chefs présents à ce festival gastronomique qui se promène un peu partout. Chacun créera un petit plat inspiré par la pièce.» 

L'OF, au budget annuel de 500 000 $, reçoit 125 000 $ de Patrimoine Canada. Le reste lui vient de compagnies comme Canimex. Les musiciens ne paient pas pour leur hébergement, leurs déplacements et leurs repas; de plus, ils reçoivent une bourse de 1500 $. À cet égard, on notera la contribution des restaurants Bâton Rouge et Mike's, dont le père de M. Tremblay est actionnaire. «Quand on passe par une ville, on est content de trouver un repas gratuit pour 50 musiciens!», observe M. Tremblay fils.