L'univers montréalais de l'orgue vient de s'enrichir d'une importante personnalité: le Suédois Hans-Ola Ericsson, 55 ans. Nommé il y a deux ans titulaire des classes d'orgue de McGill, le nouveau venu s'était encore peu produit ici en récital. Pierre Grandmaison l'invitait hier pour le deuxième programme de la série estivale 2013 au grand Casavant de la Basilique Notre-Dame.

Pour ces récitals qui font habituellent un peu plus d'une heure sans entracte, l'organiste avait préparé un programme fort original comprenant du Messiaen à trois moments différents et, entre ces plages, du Satie, du Tournemire, et encore du Satie. En fait, on a entendu du Messiaen à quatre moments différents car, sans avertissement, l'organiste a ajouté un extrait du Livre d'orgue après l'extrait de la Messe des pauvres de Satie.

Il existe un lien intéressant entre ces trois noms. L'écriture audacieuse de Tournemire et ses rythmes enchevêtrés, que l'organiste souligna avec une technique magistrale, annoncent indiscutablement Messiaen et son orgue «théologique». De ce vaste catalogue, M. Ericsson joua au total sept pièces de genres différents qu'il dota de registrations d'une puissance et d'une couleur complètement nouvelles: on ne reconnaissait plus le confortable Casavant symphonique du saint lieu, soudain transformé en une envahissante volière!

De quoi oublier aussi le pauvre Satie, sorte de minimaliste anticlérical face au pontife Messiaen. Sa musique d'orgue n'offre rien d'intéressant, ni sur le plan musical, ni sur le plan organistique. Dieu merci, ce n'est pas ce qu'on rapporte du récital de M. Ericsson.

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HANS-OLA ERICSSON, organiste. Hier soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).