L'été prochain, le Québec reçoit la visite de l'un de ses plus grands pianistes: Marc-André Hamelin, qui sera au Festival international du Domaine Forget la semaine prochaine et au Festival de Lanaudière en juillet.

Le rendez-vous musical annuel de Charlevoix verra le pianiste interpréter non pas un, mais bien les cinq concertos de Beethoven, avec les Violons du Roy, en deux jours, pour donner le coup d'envoi du 35e anniversaire du Domaine Forget.

On connaît beaucoup Marc-André Hamelin pour le répertoire prodigieusement difficile qu'il maîtrise. On l'associe également à des compositeurs relativement méconnus, tels que Max Reger, Alexis Weissenberg ou Nikolai Medtner.

Dans sa discographie, aucun enregistrement de Beethoven ne figure. Cela ne veut pas dire pour autant que le virtuose avait mis de côté ses célèbres concertos, au coeur du répertoire pour piano.

«Je les ai joués à l'occasion au cours de ma carrière, dit Marc-André Hamelin, mais c'est la première fois que je les fais tous ensemble. Je dois préciser que j'ai toujours joué des compositeurs des périodes classique ou romantique: Mozart, Chopin, Haydn et bien d'autres. Je ne joue pas uniquement ce répertoire spécialisé que personne d'autre ne fait! Cette réputation pour le répertoire marginal est surtout due à mes enregistrements, car en fait, j'ai toujours présenté des programmes de récitals équilibrés et représentatifs de toutes les époques.»

Ravi de présenter cette intégrale, il se souvient même du moment précis où l'idée a pris naissance.

«Il y a quelques années, je revenais de Charlevoix en voiture avec Paul Fortin [NDLR: le directeur artistique du Domaine Forget] et il m'a demandé si j'aimerais faire les cinq concertos de Beethoven. J'ai dit oui assez fort pour faire sauter le plafond de l'auto! Il faut avouer qu'avec le répertoire que j'ai enregistré, on n'a pas souvent décidé de me faire confiance avec Beethoven, mais les choses ont changé depuis quelques années», dit-il.

Est-ce à dire qu'il aimerait enregistrer l'intégrale des concertos? «J'aimerais bien, mais il faut considérer le fait que le marché pour ce répertoire est déjà saturé. D'autre part, j'enregistre sur Hyperion et j'en ai exprimé le désir, mais apparemment, trois autres pianistes qui enregistrent pour eux veulent les faire eux aussi!»

À Lanaudière

En juillet, le récital qu'il donne à Lanaudière comprendra la Sonate en do mineur de Haydn, la Sonate no 3 de Scriabine et la Sonate no 2 de Nikolai Medtner, Le vent nocturne.

À ceux qui s'étonnent de le voir jouer Haydn après toutes ces années passées à jouer Liszt, Busoni et autres Everest de la technique, il rétorque: «Le degré de difficulté, pour moi, n'est pas important. Cette sonate de Haydn est une pièce splendide. Je ne suis pas sur scène pour m'exhiber, mais pour partager la musique, un point c'est tout. J'aime beaucoup cette oeuvre et je veux la présenter au public, et peut-être en révéler de nouvelles facettes à ceux qui la connaissent déjà. Les mêmes remarques sont valables pour la sonate de Scriabine.»

Avec presque 30 ans de carrière derrière lui, il continue de découvrir de nouvelles oeuvres. «La musique est tellement vaste que même en se limitant au répertoire pour piano, on n'a jamais fini de l'explorer, dit-il. Bien des oeuvres qui ne sont jamais entendues en valent la peine, comme la sonate de Medtner.»

Ce compositeur russe était de sept ans le cadet de Rachmaninov, dont il était un bon ami.

«Cette sonate est d'ailleurs dédiée à Rachmaninov. On dit souvent de Medtner qu'il était le Brahms russe, mais je l'apparenterais davantage à Schumann, pour son esprit de fantaisie et son style pianistique.»

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Marc-André Hamelin et les Violons du Roy, 15 juin, 20h, et 16 juin, 15h, Domaine Forget. Marc-André Hamelin en récital, 26 juillet, 20h, Amphithéâtre Fernand-Lindsay.