Le douzième Concours musical international de Montréal -- et quatrième réservé au violon -- s'est terminé hier par la traditionnelle soirée comportant la remise des prix aux lauréats, le retour des finalistes en concert avec l'Orchestre Symphonique de Montréal et la sompteuse réception qui peut durer jusque tard dans la nuit.

La direction innove désormais en faisant entendre certains lauréats dans des oeuvres différentes de celles qu'ils avaient présentées en finale. Ainsi, le gagnant du premier prix, Marc Bouchkov, 22 ans, de Belgique, entendu mardi soir dans le Concerto de Tchaïkovsky, se mesurait cette fois au Sibelius. C'est l'un des concertos les plus redoutables du répertoire: sur le plan technique, d'abord, mais encore et surtout par sa dimension musicale et expressive.

Qu'il connaisse le Sibelius par coeur, très bien. Quand même, il n'aurait jamais dû s'y aventurer. Il a raté le périlleux saut de trois octaves qui ouvre la deuxième cadence, au premier mouvement, il a joué un peu bas ici et là, voire carrément faux dans les doubles cordes, et, pour comble, il a fait sentir à quel point ce concerto est difficile et laissé l'impression d'une oeuvre ennuyeuse, ce que n'est évidemment pas le Sibelius! Et on ne parle pas de la confusion au milieu de laquelle lui, l'orchestre et le chef invité Maxim Vengerov, pourtant lui-même violoniste, se sont retrouvés à deux ou trois moments.

Le gagnant du deuxième prix, Stephen Waarts, 16 ans, des États-Unis, a repris le premier mouvement du Concerto de Brahms avec lequel il avait terminé la finale mercredi soir. Même concentration, même jeu irréprochable et intérieur, si l'on excepte une petite erreur dans la cadence.

Zeyu Victor Li, 16 ans également, de Chine, troisième prix, avait présenté le Tchaïkovsky en finale (comme Bouchkov et deux autres). Il offrait cette fois Tzigane de Ravel, page de haute virtuosité qui débute par 58 mesures de violon absolument seul. L'adolescent a rendu la chose correctement, mais sans caractère dans l'élan et la couleur.

Des quatre finalistes qui avaient choisi le Tchaïkovsky, un seul y revint au concert des lauréats : Fédor Roudine, 20 ans, de France, encore qu'il n'en joua que le finale. Son tempo casse-cou peut se justifier par l'indication de la partition, «Allegro vivacissimo». Roudine reçoit une bourse et non un prix, ce qui est encore bien généreux! Voici, non pas un violoniste respectable, mais un de ces vulgaires joueurs de violon qui font trépigner les foules.

Autres gagnants d'une simple bourse: Chi Li, 19 ans, de Taïwan, et Ji Young Lim, 18 ans, de Corée du Sud, seule femme chez les finalistes. Li fit plusieurs erreurs dans le finale du Concerto de Mendelssohn. Lim fut un peu plus à son affaire dans l'Introduction et Rondo capriccioso de Saint-Saëns. En début de programme, Vengerov avait engagé l'OSM dans une Leonore no 3 de Beethoven qui parut interminable.

Marc Bouchkov a reçu son prix des mains du ministre péquiste Jean-François Lisée, qui s'est adressé aux jeunes lauréats en anglais, ce qui était sans doute normal. Le président du Concours, M. André Bourbeau, a annoncé que Stephen Waarts recevait le Prix du public et que le prix de la meilleure exécution de l'oeuvre canadienne imposée en première épreuve, signée Jean Lesage, allait à Luke Hsu, des États-Unis. La prochaine compétition, réservée au piano, aura lieu du 26 mai au 6 juin 2014.

DOUZIÈME CONCOURS MUSICAL

INTERNATIONAL DE MONTRÉAL. Discipline: violon. Concert des lauréats, avec l'Orchestre Symphonique de Montréal dirigé par Maxim Vengerov, hier soir, Maison symphonique, Place des Arts.