Donné devant une salle presque comble à la Maison symphonique, et sous la présidence de la mécène Jacqueline Desmarais, ce «Concert prestige» (comme l'annonçait l'affiche) était au bénéfice du Concours musical international de Montréal et s'ajoutait comme une halte entre la demi-finale et la finale de la compétition de cette année, consacrée au violon.

Deux des solistes sont d'ailleurs associés au Concours: Serhiy Salov fut le grand lauréat de la toute première compétition de piano, en 2004, et le réputé violoniste Maxim Vengerov agira comme chef d'orchestre, au pupitre de l'OSM, lors de l'épreuve finale et du concert des principaux lauréats.

Le programme était consacré à Beethoven et réunissait sur scène les Musici augmentés de 15 à 45 musiciens. Il ne comportait que deux oeuvres, mais toutes deux substantielles, soit la septième Symphonie et le Concerto pour piano, violon et violoncelle, lesquels, se suivant sans entracte, totalisèrent une heure et demie de musique.

Comme le démontre la très nombreuse et très enthousiaste assistance, ce concert spécial au profit du Concours est une heureuse initiative que la direction devrait reprendre chaque année.

On peut exprimer plus de réserves sur la qualité strictement musicale du résultat. Il était manifeste que le concert avait été préparé un peu à la hâte. En somme, le tout se ramena à une première lecture, heureusement entre les mains de professionnels aguerris, où il n'y eut rien d'amateur, mais rien de mémorable non plus.

Telle que servie par Zeitouni et ses musiciens, dont plus de la moitié étaient des surnuméraires, la Septième n'était plus la géniale création que l'on sait mais une autre symphonie, tout simplement. Les premières mesures furent d'ailleurs marquées d'étranges flottements. Une bonne mention cependant pour le tempo très juste, c'est-à-dire très rapide, choisi pour le Scherzo, indiqué «presto».

Réservé pour la fin du concert, le Triple se déroula correctement, sans plus. Par un souci évident de synchronisation, les participants ne purent s'abandonner au plaisir communicatif que procure cet attachant concerto d'équipe. Salov domina la situation par un jeu remarquable de fermeté et de clarté. Tétreault exécuta quelques traits bien en place et bien sonores sur son célèbre Stradivarius, mais il joua faux ici et là. Vengerov joua faux lui aussi, ce qui est inadmissible car il a deux fois l'âge et plusieurs fois l'expérience de son jeune voisin.

Le trio revint pour un rappel, la fameuse Méditation, de la Thaïs de Massenet, où, cette fois, Vengerov joua comme il le fait habituellement, c'est-à-dire parfaitement juste.

__________________________________________________________________________

I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre: Jean-Marie Zeitouni. Solistes: Serhiy Salov, pianiste, Maxim Vengerov, violoniste, et Stéphane Tétreault, violoncelliste. Lundi soir, Maison symphonique, Place des Arts. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 16 mai, 20 h.)

Programme consacré à Ludwig van Beethoven:

Symphonie no 7, en la majeur, op. 92 (1813)

Concerto pour piano, violon, violoncelle et orchestre en do majeur, op. 56 (1804)