Présenté deux fois en périphérie et une fois à la Maison symphonique, ce concert de l'Orchestre Métropolitain met l'accent sur la jeunesse. Les deux solistes sont en effet très jeunes: la pianiste Marika Bournaki a 21 ans et le violoniste Kerson Leong a 15 ans. Le chef invité, Jean-Michaël Lavoie, a 31ans. Le «compositeur en résidence» de l'OM, Éric Champagne, dont une nouvelle pièce ouvre le programme, a 33 ans. Nicolas Gilbert, qui en a 34, a supervisé un travail collectif de composition auquel ont pris part 27 élèves de l'école Pierre-Laporte. Enfin, le choeur de quelque 200 voix d'une autre école, Joseph-François-Perrault (appelé «Choeur JFP» dans le programme), participe à la brève création de M. Champagne.

La jeunesse figure donc ici au volet «composition» et au volet «interprétation». En ce qui concerne la composition, cela se ramène aux 10 minutes qui englobent la pièce de Champagne (cinq minutes) et la pièce collective (cinq minutes également). Le programme nous informe que la pièce de Champagne décrit le passage des ténèbres à la lumière. Indépendamment d'un texte dont on ne comprend pas un mot, ce passage est effectivement illustré par un même geste très puissant du choeur et de l'orchestre réunis. La pièce collective «à 54 mains» (pour citer le programme) est naïve, avec son petit rappel d'une certaine Neuvième, et ne laisse aucune impression.

Malgré quelques imperfections, le reste du programme, soit 80 minutes, offre incontestablement plus d'intérêt. La brève participation de Marika Bournaki à la «Virée classique» de l'OSM, le 11 août dernier, avait fait oublier les frasques d'écolière de la blonde jeune fille. Le Concerto de Schumann, où le soliste n'a guère de répit pendant 30 minutes, l'a trouvée nerveuse et prudente, abusant du rubato et forçant l'expression, par exemple dans le développement, au premier mouvement. Son interprétation n'est pas encore intéressante, comme celle de certains pianistes ayant deux fois son âge, mais elle pourra le devenir. Déjà, la technique est très au point, la sonorité est formée, et il n'y a pas eu de fausses notes, sauf vers la fin, au moment où un retentissant «couac» s'échappait de la région des cors.

Le petit violoniste Kerson Leong, quant à lui, a joué la Fantaisie de Waxman sur des airs de Carmen avec une justesse et une beauté de son étonnantes de la part d'un adolescent encore sans grande expérience. Mais il lui manque, justement, cette expérience du concert qui donnerait de la couleur, de la personnalité et du panache à cette pièce un peu accrocheuse.

Le chef invité a bien accompagné le Waxman, un peu moins bien le Schumann, et n'a obtenu, dans la huitième Symphonie de Dvorak, rien d'autre qu'une lecture de routine, parfois imparfaite et même déséquilibrée.

Le concert était donné à la mémoire de Jean Cousineau, fondateur des Petits Violons et père du violon-solo de l'OM.

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef invité: Jean-Michaël Lavoie. Solistes: Marika Bournaki, pianiste, et Kerson Leong, violoniste. Jeudi soir, Maison symphonique, Place des Arts.

Programme:

Lux, pour choeur et orchestre (2013) (création) - Champagne

Pour un coup de triangle
, création collective (2013)

Concerto pour piano et orchestre en la mineur, op. 54 (1845) - Schumann

Carmen Fantasy
, pour violon et orchestre (1946) - Waxman

Symphonie no 8, en sol majeur, op. 88, B. 163 (1890) - Dvorak