L'Orchestre baroque Arion clôture sa 32e saison avec un programme de la période dite «classique», centré sur Haydn et Mozart, mais en le jouant à la manière dite «baroque», c'est-à-dire avec une petite formation -- ce qu'il est, au départ -, sur des instruments dits «d'époque» (cordes de boyau, cors naturels et le reste) et en utilisant peu de vibrato, et préférablement pas du tout.

On connaît la recette, on connaît aussi le «son» Arion. Il convient au répertoire habituel du petit orchestre (lequel, à l'origine, n'était qu'un simple quatuor). La tradition romantique, celle des orchestres plus considérables, qui recourent au vibrato comme ils respirent, a conféré à la musique de Haydn et de Mozart une tout autre dimension. On a le droit de trouver cette approche plus chaleureuse, plus humaine, plus vraie. Arion et ses adeptes ont le droit de la rejeter, et c'est ce qu'ils font.

Nous voici en présence de deux esthétiques opposées, que certains ensembles comme les Violons du Roy ont pourtant réussi à rallier en adaptant certaines notions du jeu baroque aux instruments modernes. Mais oublions les Violons du Roy puisqu'il est question, ici, d'Arion.

Le programme était assez original, avec deux Haydn encadrant deux Mozart. Des quatre oeuvres, les plus substantielles restent le Concerto K. 449 de Mozart et la Symphonie dite Le Soir de Haydn. Assis à la droite de la scène, le violoncelliste néerlandais Jaap ter Linden, dont les fréquents retours chez Arion restent un mystère, dirigeait d'un mouvement d'archet ou d'un regard, mais sans apporter beaucoup de relief à l'ensemble.

Entrant en scène en chemise rouge feu, le pianiste américain David Breitman joua son Mozart sèchement sur un petit pianoforte au volume sonore très limité. Souvent, on le voyait bien taper sur le clavier, mais on n'entendait que l'orchestre. Revenant après l'entracte dans un costume sombre, il ajouta le son du pianoforte à celui de l'orchestre, comme c'était la coutume à l'époque. Fort bien. Mais à l'époque, le musicien assis au pianoforte (ou au clavecin) ne jouait certainement pas, comme M. Breitman, avec un iPad sur son lutrin! Une première à Montréal, sans aucun doute, ces Mozart et Haydn avec iPad.

En fin de concert, la Symphonie Le Soir de Haydn nous valut quelques solos dont un, presque comique parce que laborieux, de la contrebasse.

ORCHESTRE BAROQUE ARION. Chef invité : Jaap ter Linden, violoncelliste. Soliste : David Breitman, pianofortiste. Hier soir, Salle Bourgie du Musée des beaux-arts. Reprise auj., 16 h, et demain, 14 h. Une heure avant chaque concert : conférence de Lucie Renaud.

Programme :

Symphonie no 49, en fa mineur, Hob. I:49 (La Passione) (1768) - Haydn

Concerto pour piano et orchestre no 14, en mi bémol majeur, K. 449 (1784) - Mozart

Symphonie no 17, en sol majeur, K. 129 (1772) - Mozart

Symphonie no 8, en sol majeur, Hob. I:8 (Le Soir) (1761) - Haydn