«Les Violons du Roy présentent», nous informait la brochure du concert donné mercredi soir dans une salle Bourgie presque remplie.

L'orchestre de chambre n'était pas là, non plus que la Chapelle de Québec, le petit choeur qui est y attaché. Mais leur chef Bernard Labadie y était, entouré de 10 chanteurs, dont quelques-uns de la Chapelle et d'ailleurs, et de quatre instrumentistes dont son organiste et claveciniste attitré Richard Paré. En raison du petit nombre de participants, le chef (qui célébrait mercredi soir son 50e anniversaire) dirigeait non pas debout mais assis sur un tabouret, et proche d'eux, comme dans une séance de travail.

Le programme d'abord annoncé comportait deux «histoires sacrées», de Giacomo Carissimi et de Marc-Antoine Charpentier, qui fut son élève à Rome, ainsi que le Stabat Mater de Domenico Scarlatti, surtout connu pour ses innombrables petites sonates de clavecin. On y ajouta trois Funeral Sentences de Purcell.

Basés sur des sujets bibliques, Jephte, de Carissimi, et Le Reniement de saint Pierre, de Charpentier, ouvrirent le concert. Coïncidence - ou peut-être pas! -, Christopher Jackson avait inscrit le même Jephte au concert inaugural de son Studio de musique ancienne, en 1974, et l'avait repris 20 ans plus tard, en 1994, avec le même Reniement de Charpentier, cette fois dans le cadre d'un spectacle comportant costumes, mise en scène et la participation de 19 chanteurs et sept instrumentistes (dont le luthiste Sylvain Bergeron, qu'on retrouvait mercredi soir à Bourgie).

La présentation de Labadie était plus modeste et, semble-t-il, davantage fidèle aux pratiques de l'époque: cinq ou sept chanteurs et une basse continue d'orgue de chambre, clavecin et trois instruments à cordes. Comme il sait parfois le faire, Labadie obtint de ses chanteurs et instrumentistes des interprétations conjuguant expression intense et rigueur stylistique. De l'ensemble se distinguaient les ténors Jacques-Olivier Chartier et Philippe Gagné, aux timbres bien marqués, et la basse Normand Richard, d'une vibrante projection. Belle présence aussi chez la soprano Marie Magistry. Un défaut, cependant, chez tous: la mollesse de la diction.

D'abord entendus par groupes de cinq ou de sept, les 10 chanteurs étaient réunis dans le monotone groupe Purcell, puis dans le Scarlatti, considérable et interminable numéro de virtuosité aux 10 lignes vocales entrelacées.

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ENSEMBLE VOCAL ET INSTRUMENTAL. Dir.: Bernard Labadie. Mercredi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.

Programme:

Jephte (c. 1650) - Carissimi

Le Reniement de saint Pierre
(c. 1670) - Charpentier

Trois Funeral Sentences (c. 1680-1687) - Purcell

Stabat Mater
(c. 1715) - Scarlatti