Nous étions bien le mardi 5 février 2013. Pourtant, la couverture du programme remis à la porte donnait «mardi 5 mars 2012» comme date du concert. Or, celui-ci débutait par une pièce intitulée... Aujourd'hui. Comme si aujourd'hui, c'était à la fois le mois prochain et l'année dernière!

Il n'y a cependant rien de surréaliste dans cette page pour choeur et orchestre de Gilbert Patenaude, le directeur des Petits Chanteurs du Mont-Royal, qui en dirigeait lui-même la «première mondiale/world premiere» (sic) avec sa chorale de l'Oratoire Saint-Joseph invitée par l'Orchestre de chambre McGill, salle Bourgie.

M. Patenaude présenta brièvement son oeuvre, mais d'une voix trop faible pour qu'on puisse le suivre intelligemment. Au surplus, le texte, qui porte l'obscure signature de Thérèse Tousignant, n'était pas reproduit dans le programme. Pour l'ensemble, la courte pièce de sept minutes s'inscrit dans la bonne tradition française néoclassique, genre post-Honegger. Quant à l'exécution, elle découvrit des cordes à la justesse approximative et un choeur opaque ne laissant pas respirer le texte. On entendit plusieurs fois le mot «aujourd'hui», une fois le mot «surprise» et quelque chose qui ressemblait à «la part du destin». M. Patenaude obtint ensuite de ses choristes une lecture sentie d'un Ave Maria a cappella de Bruckner.

Boris Brott, lui succédant au podium pour le reste du concert, avait choisi comme oeuvres principales la deuxième des six Messes latines de Schubert, en sol majeur, D. 167, et le célèbre Gloria en ré majeur, R. 589, de Vivaldi, et avait placé entre les deux le bref Ave verum Corpus de Mozart. Aux ténors et aux basses du choeur, dont se détachaient deux solistes dans le Schubert, s'ajoutaient des voix d'enfants non seulement pour les parties chorales mais aussi pour les solos de soprano et d'alto.

Les trois oeuvres trouvèrent choeur et orchestre en bonne forme. La trompette et le hautbois additionnels furent impeccables, mais on n'a rien entendu des timbales mentionnées dans les notes. Concernant les solistes: du beau travail chez le ténor Jean-Michel Richer, un riche timbre de baryton chez Francois-Nicolas Guertin. Chez les trois enfants entendus en solistes, on signalera les efforts surhumains et souvent étonnants du tout petit soprano Sacha Jean-Claude, 12 ans... si petit qu'il disparaissait derrière son grand cahier à musique! Le programme indiquait deux petits altos, sans préciser davantage. Un seul des deux mérite d'être retenu: celui qui chanta dans les numéros 3 et 10 du Vivaldi.

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PETITS CHANTEURS DU MONT-ROYAL et ORCHESTRE DE CHAMBRE McGILL. Dir.: Boris Brott et Gilbert Patenaude. Mardi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.