Associé à des organismes tels que le Niederrheinische Sinfoniker, le Württembergische Philharmonie Reutlingen et le Ludwigsburger Schlossfestspiele, le chef français Marc Piollet est, on s'en doute un peu, très attiré par la culture musicale allemande. À une certaine époque, la chose aurait été mal vue. Plus maintenant.

Pour son retour à l'OSM, le chef de 50 ans s'est vu offrir toute la période d'après-entracte, soit 48 minutes, non seulement comme Dirigent mais aussi comme arrangeur wagnérien. S'inspirant manifestement des fameuses «synthèses symphoniques» d'opéras préparées autrefois par Stokowski, ou de l'exemple plus récent de la «symphonie» de Marius Constant d'après Pelléas et Mélisande, Marc Piollet a monté une gigantesque séquence de scènes et de transitions tirées de Götterdämmerung - ce qu'on appelle en français Le Crépuscule des dieux, quatrième et dernier volet de la Tétralogie.

Son travail est celui d'un musicien totalement envoûté par Wagner et qui communique à chaque instant sa passion aux musiciens et aux auditeurs. Dans une forme exceptionnelle, l'OSM a paru transfiguré entre ses mains. On oublie quelques attaques imprécises au début, on fait abstraction du «spectacle»: l'homme est d'une taille démesurée et gesticule beaucoup trop. On ferme les yeux... et c'est tout l'univers irréel de la Tétralogie qu'on retrouve, depuis le Voyage sur le Rhin jusqu'à l'Immolation, dans ce flot orchestral aux cuivres terrifiants et aux cordes puissantes et unifiées.

Dans la salle, l'écoute est aussi totale que l'est, sur scène, la participation de l'orchestre tout entier. Qu'on aime Wagner ou non, sa création reste celle d'un géant et la transposition de Marc Piollet en respecte l'infinie grandeur.

En début de concert, le chef invité revient aux ouvertures de Weber. En 2011, c'était Der Freischütz. Cette fois, Oberon. La sombre couleur allemande est déjà là, avant le Wagner.

Le jeune Andrew Wan, co-violon-solo de l'orchestre, joue le premier Concerto de Bruch avec la technique, la sonorité et l'expression requises, avec, aussi, des rubatos qui donnent quelques problèmes au chef. Il est clair que les répétitions ont surtout porté sur le Wagner.

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ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL. Chef invité: Marc Piollet. Soliste: Andrew Wan, violoniste. Mardi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Série «Grands Concerts».

Programme:

Ouverture de l'opéra Oberon, J. 306 (1824) - Weber

Concerto pour violon et orchestre no 1, en sol mineur, op. 26 (1866) - Bruch

Suite symphonique de Götterdämmerung (1876) - Wagner, arr. Piollet