La Société d'art vocal de Montréal (ex-Turp), qui a limité sa 15e saison aux chanteurs d'ici, affichait dimanche après-midi la soprano Kimy McLaren dans un programme entièrement français et partiellement centré sur la proche fête de Noël. Une centaine de personnes étaient venues l'entendre, y compris, bien sûr, son professeur Marie Daveluy.

Kimy McLaren est une jeune et jolie blonde qui se présente avec une souriante simplicité et ne laisse aucun doute sur le bonheur qu'elle éprouve à chanter. Remarquablement en place, la voix se distingue par un son bien formé, un timbre nourri et une conduite toujours consciente de certaines limites. À ces qualités s'en ajoute une autre: contrairement à tant de ses collègues (on devine lesquelles!), Mme McLaren n'est jamais vulgaire, elle s'habille avec goût et sans extravagance, bouge très peu et ne distrait jamais l'auditeur par d'inutiles mouvements des bras et des mains.

Pourquoi, alors, ce récital a-t-il laissé si peu d'impression? Au départ, le programme était très inégal. Ces très belles pages que sont le triptyque Shéhérazade de Ravel et les trois Chansons de Bilitis de Debussy et le très touchant Noël des enfants qui n'ont plus de maison, du même, voisinaient hélas! avec les Quatre Chansons pour enfants de Poulenc, dont les textes sont modérément amusants mais la musique, d'une totale insignifiance, avec, encore, cet assommant cycle de Honegger qu'est Saluste du Bartas et des piécettes sans intérêt de Massenet et autres.

Autre problème: l'acoustique de la salle de concert de 228 places du Conservatoire. Il est impératif de trouver une solution à cette surcharge qui déforme tout, texte et voix, dès que celle-ci dépasse le «forte», surtout lorsque la salle n'est qu'à moitié remplie, comme dans ce cas-ci. Une grande partie du texte disparaissait donc dans une telle réverbération. Heureusement, la voix se maintenait le plus souvent dans une dynamique moyenne, ce qui permettait d'apprécier à la fois la qualité même de la voix et une prononciation française sans aucun accent étranger, sinon toujours parfaite.

Abstraction faite de quelques infimes problèmes d'intonation et de quelques oublis (de mots et de notes), Kimy McLaren offrit là une prestation soignée et parvint, dans certains passages des Ravel et Debussy, à établir une véritable atmosphère. Il lui faut maintenant apprendre à traduire pleinement la beauté et le mystère de certaines phrases particulièrement significatives. Un exemple: «Et de mon seuil je te vois t'éloigner» (que Ravel indique «ad lib.»). Un autre: «Ma mère ne croira jamais que je suis restée si longtemps à chercher ma ceinture perdue» (que Debussy demande «presque sans voix»).

Michael McMahon était à l'accompagnement, presque toujours irréprochable. En rappel, cette fois en allemand: Schlafendes Jesuskind, ou L'Enfant-Jésus endormi, de Hugo Wolf.

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KIMY McLAREN, soprano. Au piano: Michael McMahon. Dimanche après-midi, Conservatoire de Montréal. Présentation: Société d'art vocal de Montréal.