Petit festival de quatre événements en trois jours présenté par le Concours international d'orgue du Canada (de Montréal, faut-il préciser), le Rendez-vous des grands s'est ouvert vendredi soir par un récital faisant se succéder au grand Casavant de la basilique Notre-Dame trois premiers prix de concours internationaux d'orgue de 2011: l'Autrichien Michael Schöch, 27 ans (Concours de Munich), le Britannique David Baskeyfield, 30 ans (Concours de St. Albans), et l'Américain Christian Lane, 31 ans (Concours de Montréal).

Chaque organiste joua trois pièces, ce qui permettait à chacun de s'exprimer dans des genres différents. C'est une façon valable de procéder. Une autre formule eût été davantage en accord avec le sérieux d'une telle compétition: limiter chaque participant à une seule oeuvre, choisie parmi les sommets du répertoire. On pense à la Toccata, Adagio et Fugue de Bach ou à la Grande Pièce symphonique de Franck, à une symphonie complète de Widor ou de Vierne, à des Reger ou des Messiaen de grande envergure. Au besoin, une pièce plus courte aurait complété la prestation de chacun.

Tel quel, le programme ne comportait aucune oeuvre vraiment majeure. Cela dit, il faut reconnaître que les trois organistes en présence - dont on pouvait suivre le jeu sur grand écran -- se sont révélés du même très haut niveau, et ce à tous égards: technique complète et sans problèmes, virtuosité dans les passages les plus difficiles, parfaite coordination entre les mains et les pieds, musicalité, richesse d'idées sur le plan de la registration. Bref, chez les trois, un professionnalisme absolu.  

Michael Schöch ouvrit le programme avec la Sinfonia d'entrée de la Cantate no 29 de Bach dans la bien futile transcription de Marcel Dupré. Passant à la Suite op. 5 de Duruflé, il tira de séduisantes anches de la Sicilienne et traversa la Toccata avec un extraordinaire brio. Mais pourquoi omettre la première des trois pièces?  

David Baskeyfield joua d'abord une fort ennuyeuse Rhapsody du Britannique Herbert Howells, poursuivit avec d'aériennes Naïades de Vierne et conclut magistralement avec le finale de la sixième Symphonie du même Vierne (remplaçant le Widor annoncé).  

Christian Lane créa un frappant contraste en juxtaposant l'éclatante pièce de l'Américain Carson Cooman et celle, tout en douceur, du Français Jean Roger-Ducasse; il termina le concert avec un autre Vierne, le très brillant Carillon de Westminster. Détail omis du programme : cette pièce et Naïades sont toutes deux tirées des 24 Pièces de fantaisie.  

L'organiste John Grew et l'industriel E. Noël Spinelli, initiateurs du Concours d'orgue, ont présenté le nouveau directeur général de l'organisme, Thomas Leslie. M. Grew nous a aussi annoncé qu'Olivier Latry sera l'un des juges de la prochaine compétition, en octobre 2014.

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MICHAEL SCHÖCH, DAVID BASKEYFIELD et CHRISTIAN LANE, organistes. Vendredi soir, Basilique Notre-Dame. Présentation : Concours international d'orgue du Canada.