Ami et compatriote de la présidente du LMMC, Pieter Wispelwey s'y produisait dimanche pour la huitième fois et faisait de nouveau salle comble à Pollack. Jusqu'à présent, les visites du violoncelliste néerlandais de 50 ans (non seulement au LMMC mais à Lanaudière et ailleurs) laissèrent la meilleure impression. Le récital qu'on vient tout juste d'entendre démarra dangereusement au bord du précipice pour se terminer presque miraculeusement sur les plus hauts sommets.

Le Beethoven d'entrée - la Sonate op. 69, la plus connue des cinq pour violoncelle - nous apprend que Wispelwey a encore changé de pianiste. Il s'agit cette fois d'une femme toute menue du nom de Lois Shapiro. L'oeuvre débute par cinq mesures où le violoncelle est absolument seul, cinq mesures où Wispelwey semble pris au dépourvu. Que se passe-t-il? On l'entend jouer faux, ou bien on l'entend à peine car le son est étouffé. Et puis, voici madame, avec son petit paquet de fausses notes et, pis encore, d'autres fausses notes à la reprise de l'exposition. Les deux mouvements suivants se déroulent assez bien, mais le finale est marqué de miaulements au violoncelle et, de nouveau, de fausses notes au piano. À oublier. À oublier aussi, cette Suite italienne de Stravinsky dont le caractère caricatural peut, à la rigueur, justifier les imprécisions de jeu.

Wispelwey a programmé pour violoncelle seul deux sonates contemporaines brèves et bien connues, qu'il a enregistrées: celle du Hongrois György Ligeti et celle de l'Américain George Crumb. L'une et l'autre comportent toutes sortes de raffinements sonores et exigent la plus totale précision technique. Le violoncelliste s'est partout montré à la hauteur, bien qu'un peu moins brillamment que sur ses disques.

Finalement, une seule chose à retenir de ces deux heures: la Sonate de Chostakovitch, qui semble avoir inspiré Wispelwey comme aux plus grands jours et avoir animé sa pianiste d'une force inhabituelle. La partie finale du premier mouvement, marquée «largo» (comme le sera le troisième mouvement), découvre un violoncelle «con sordino» quasi immatériel, porté sur les petits accents secs du piano. Un rythme des plus sauvages traverse l'Allegro, qui tient lieu de scherzo, et une pensée d'une insondable profondeur habite le Largo. Au finale, le violoncelliste prend quelques libertés avec le tempo, mais le caractère de cette musique le permet.

Il a donné son programme entier de mémoire, sur son Guadagnini de 1760. Bien que très applaudi, il n'accorde pas de rappel.