Pour lapresse.ca du samedi 29 septembre 2012 Ce qui est entre (ic)...(xc) : en italiques Nom du dossier : musima ------------------------------------------ Grand premier soir chez les Musici CLAUDE GINGRAS Au début du concert, une dame toute frétillante est venue au micro souhaiter à l'auditoire «la plus chaleureuse des bienvenues». On aurait tout compris avec un simple «la bienvenue». On aurait même toléré «une chaleureuse bienvenue». Mais non, il fallait en mettre. «La plus chaleureuse des bienvenues», a renchéri la dame. C'était, à la Maison symphonique et devant un parterre de quelques centaines de personnes, le concert marquant la première saison de Jean-Marie Zeitouni comme chef des Musici, l'orchestre de chambre fondé en 1983 par Yuli Turovsky. Le musicien russe établi parmi nous en 1977 voit ainsi sa création lui glisser entre les mains et, du même coup, son nom disparaître petit à petit. Pas la moindre mention, en effet, de Yuli Turovsky dans le programme imprimé, en français comme en anglais. Mais on a fait grand état de celle qui remplace Eleonora Turovsky, l'épouse de M. Turovsky décédée en mars dernier, au poste de violon-solo. Jean-Marie Zeitouni avait choisi l'enfance comme «thème» de ce premier programme, avec des oeuvres nécessitant une augmentation des effectifs de 15 à 35 musiciens. C'est-à-dire 23 cordes, au lieu des 15 habituelles, et 12 surnuméraires aux vents, claviers et percussions. Comme la veille à l'OSM, Ravel ouvre le programme. Les cinq pièces de la suite (ic)Ma Mère l'Oye(xc), à l'origine pour piano à quatre mains, reçoivent une lecture tour à tour scintillante et délicate. (ic)Knoxville : Summer of 1915(xc), de Samuel Barber, décrit en 15 minutes l'atmosphère d'un soir d'été dans une paisible petite ville américaine du Sud. Chanteuse raffinée, la jeune Hélène Guilmette a rendu la partie vocale impeccablement, jusqu'au si bémol aigu sur le mot «blue». On aurait simplement souhaité une articulation plus claire du texte très touchant de James Agee. L'orchestre a somptueusement encadré la voix. L'après-entracte était occupé par la quatrième Symphonie de Mahler dans la réduction pour orchestre de chambre de Klaus Simon, musicologue allemand présentement engagé dans un tel arrangement de toutes les symphonies de Mahler. On imagine mal la (ic)Symphonie des Mille(xc) ainsi réduite, mais c'est là une autre histoire. Même avec 35 musiciens au lieu de 90 ou 100, l'essentiel est là : les deux violons accordés différemment au Scherzo, les moqueuses interventions des vents, la clarinette jouant pavillon en l'air, les glissandos des cordes et, surtout, la couleur générale, même que l'acoustique de la nouvelle salle confère à l'orchestre moyen le volume d'une formation deux fois plus grande.

Pour lapresse.ca du samedi 29 septembre 2012 Ce qui est entre (ic)...(xc) : en italiques Nom du dossier : musima ------------------------------------------ Grand premier soir chez les Musici CLAUDE GINGRAS Au début du concert, une dame toute frétillante est venue au micro souhaiter à l'auditoire «la plus chaleureuse des bienvenues». On aurait tout compris avec un simple «la bienvenue». On aurait même toléré «une chaleureuse bienvenue». Mais non, il fallait en mettre. «La plus chaleureuse des bienvenues», a renchéri la dame. C'était, à la Maison symphonique et devant un parterre de quelques centaines de personnes, le concert marquant la première saison de Jean-Marie Zeitouni comme chef des Musici, l'orchestre de chambre fondé en 1983 par Yuli Turovsky. Le musicien russe établi parmi nous en 1977 voit ainsi sa création lui glisser entre les mains et, du même coup, son nom disparaître petit à petit. Pas la moindre mention, en effet, de Yuli Turovsky dans le programme imprimé, en français comme en anglais. Mais on a fait grand état de celle qui remplace Eleonora Turovsky, l'épouse de M. Turovsky décédée en mars dernier, au poste de violon-solo. Jean-Marie Zeitouni avait choisi l'enfance comme «thème» de ce premier programme, avec des oeuvres nécessitant une augmentation des effectifs de 15 à 35 musiciens. C'est-à-dire 23 cordes, au lieu des 15 habituelles, et 12 surnuméraires aux vents, claviers et percussions. Comme la veille à l'OSM, Ravel ouvre le programme. Les cinq pièces de la suite (ic)Ma Mère l'Oye(xc), à l'origine pour piano à quatre mains, reçoivent une lecture tour à tour scintillante et délicate. (ic)Knoxville : Summer of 1915(xc), de Samuel Barber, décrit en 15 minutes l'atmosphère d'un soir d'été dans une paisible petite ville américaine du Sud. Chanteuse raffinée, la jeune Hélène Guilmette a rendu la partie vocale impeccablement, jusqu'au si bémol aigu sur le mot «blue». On aurait simplement souhaité une articulation plus claire du texte très touchant de James Agee. L'orchestre a somptueusement encadré la voix. L'après-entracte était occupé par la quatrième Symphonie de Mahler dans la réduction pour orchestre de chambre de Klaus Simon, musicologue allemand présentement engagé dans un tel arrangement de toutes les symphonies de Mahler. On imagine mal la (ic)Symphonie des Mille(xc) ainsi réduite, mais c'est là une autre histoire. Même avec 35 musiciens au lieu de 90 ou 100, l'essentiel est là : les deux violons accordés différemment au Scherzo, les moqueuses interventions des vents, la clarinette jouant pavillon en l'air, les glissandos des cordes et, surtout, la couleur générale, même que l'acoustique de la nouvelle salle confère à l'orchestre moyen le volume d'une formation deux fois plus grande.

La conception mahlérienne de Zeitouni est tout aussi convaincante, dans la caricature et dans la profondeur. À la fin du premier mouvement, au passage indiqué «Sehr zurückhaltend» (très retenu), il commande aux premiers violons le rallentando sans doute le plus prononcé qui soit depuis Mengelberg. Plus loin, il fait du troisième mouvement une miraculeuse oasis de paix au milieu de l'agitation collective, avec, retenu intact de la version originale, le thème secondaire au hautbois plaintif. Hélène Guilmette rentre en scène dès la fin du mouvement, telle une apparition, pour le finale où elle sera l'enfant qui livre sa vision naïve du paradis. Elle retrouve la même justesse de ton que dans le Barber et, très applaudie, annonce un rappel : c'est le magnifique lied (ic)Morgen!(xc), de Richard Strauss, livré avec la même totale intériorité par elle et par le violon-solo Julie Triquet. Les Musici commettent hélas! la même erreur que l'OSM : les textes chantés sont imprimés dans le programme, mais il est impossible de les lire car on plonge la salle dans l'obscurité. Où est la logique ? I MUSICI DE MONTRÉAL. Chef d'orchestre : Jean-Marie Zeitouni. Soliste : Hélène Guilmette, soprano. Vendredi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Programme : Suite (ic)Ma Mère l'Oye(xc) (1908-1912) - Ravel (ic)Knoxville : Summer of 1915(xc), pour voix et orchestre, op. 24 (1947) - Barber Symphonie no 4, en sol majeur, avec solo vocal (1899-1901) - Mahler, version pour orchestre de chambre : Klaus Simon (2007) Légende Jean-Marie Zeitouni, le nouveau chef des Musici. -30-