L'Opéra de Montréal lance sa nouvelle saison avec La Traviata, de Giuseppe Verdi. Pour interpréter la frêle Violetta, on a fait appel à une spécialiste du rôle, Myrtò Papatanasiu, soprano grecque dont l'interprétation de la courtisane est saluée par la critique depuis cinq ans. La Presse a rencontré la chanteuse entre deux répétitions, peu après son arrivée à Montréal, la semaine dernière.

Myrtò Papatanasiu a interprété Violetta un peu partout en Europe, et elle faisait en mai dernier ses débuts américains au Dallas Opera. Cette performance lui a valu un prix du public, le prix Maria Callas pour les débuts artistiques les plus marquants de l'année. Scott Cantrell, le critique musical du Dallas Morning News, disait alors de la soprano qu'elle avait su capter chaque bribe d'émotion de Violetta, louant du même coup sa technique vocale incroyable.

Il faut dire que la jeune femme se prépare à briller à l'opéra depuis longtemps, elle qui a commencé à chanter à l'âge de 4 ans dans le choeur de son village. «Le chant fait partie de mon ADN, en quelque sorte, et mon éducation a été très axée sur la musique.»

La première fois qu'elle est entrée dans la peau de Violetta, c'était à Rome, en 2007. Ces débuts demeurent un souvenir très marquant, car elle travaillait alors sous la direction d'une véritable légende: Franco Zeffirelli.

«Cela a été très significatif de travailler avec lui, se souvient la chanteuse. C'est une occasion exceptionnelle dans une carrière de faire ses débuts dans un rôle avec un si grand metteur en scène, et d'avoir son aide. Il m'a beaucoup donné. Nous avons eu des répétitions où nous étions seuls à discuter longuement du rôle, et je faisais simplement dire les mots à haute voix, sans les chanter. Ce que j'ai appris avec lui, j'ai pu le garder et le développer par la suite.»

À la fois gracile et ravissante, la chanteuse a le physique de l'emploi pour jouer le rôle d'une courtisane dont la santé s'amenuise à petit feu.

«Dans ce rôle, j'aime la transparence et la générosité du personnage, et sa grande sensibilité, dit-elle. J'ai toujours hâte de lui donner le plus de vérité possible, et je me sens à l'aise avec elle. Elle a un grand coeur, elle donne à tous, jusqu'à la fin. Même au moment de sa mort, elle veut s'assurer que tout le monde va bien.»

Mais si elle reconnaît que Violetta lui a ouvert les portes d'une carrière florissante, elle tient tout de même à varier rôles, styles et époques.

«Bien sûr, j'ai une relation particulière avec Violetta et je me sens très proche d'elle. Mais ma carrière n'est pas axée sur un seul rôle et mon répertoire est très varié. J'adore aussi chanter la musique baroque, Mozart, Rossini, tout le répertoire du Bel Canto, et les compositeurs français comme Massenet et Debussy. J'aime changer et jouer avec les couleurs de ma voix.»

Après son passage à Montréal, elle se dirige d'ailleurs à Vienne pour quelque chose de complètement différent: Iphigénie en Aulide, de Gluck.

Partageront la scène avec elle, le ténor Roberto De Biasio, le baryton Luca Grassi, et pas moins de huit jeunes chanteurs canadiens ou québécois dans les rôles secondaires.

La mise en scène, que l'on dit traditionnelle, est celle du Canadien Michael Cavanagh. L'Orchestre Métropolitain est dirigé par le chef italien Fabrizio Maria Carminati, qui fait ses débuts à la compagnie.

La Traviata, Opéra de Montréal, les 15, 18, 20 et 22 septembre, à 19h30, Salle Wilfrid-Pelletier.