Le neuvième stage annuel de l'Institut canadien d'art vocal réunissait, selon les chiffres officiels, 38 chanteurs et chanteuses. Grosso modo, c'est ce que j'ai pu compter lorsque tous sont revenus sur scène pour la grande finale du «concert gala», le Brindisi de La Traviata, hier soir, salle Claude-Champagne, dans les poétiques lambeaux du Pelléas et Mélisande de mars dernier.

La brochure de l'Institut donnait 41 participants. On en conclut que trois se sont désistés. En même temps, on se demande pourquoi Karine Boucher, qui participait au concert, ne figure pas dans la brochure. La plupart des stagiaires venaient du Canada et des États-Unis; les autres, du Mexique, du Portugal, de Porto Rico, de Turquie et de Belgique.

Selon la formule établie, le programme de quelque deux heures comportait des airs, des duos et des ensembles. Au total : 20 pièces, dont 17 d'opéras. Il y avait là de l'opéra français, italien, allemand, russe, tchèque et anglais, soit un bel éventail du répertoire lyrique. Mais deux longs ensembles de Die Zauberflöte, c'était trop : un seul suffisait. Et cinq pages d'opéra italien, le genre préféré de notre public du lyrique, c'était trop peu, surtout qu'on retrouvait les deux mêmes extraits d'Il Barbiere di Siviglia qui reviennent inévitablement en pareilles circonstances.

On se serait dispensé aussi des deux chansons mexicaines, pourtant rendues avec âme par les stagiaires du Mexique, du Portugal et de Porto Rico. Quant à la chanson turque (!), son interprète, la mezzo Beste Kalender, aurait pu prêter ses yeux profonds et sa voix chaude à une musique autrement plus intéressante!

Des 21 chanteurs et chanteuses entendus dans des premiers rôles, je retiens les sopranos Karine Boucher (grande voix dramatique, aigu plafonné cependant) et Jessica Scarlato (voix et présence réunies), la mezzo Christianne Bélanger (grande voix, intelligence du texte), les barytons Cairan Ryan (bonne voix et réel talent comique), Marc-Antoine d'Aragon (que son physique limite aux rôles de composition), Jonathan Estabrooks et Matthew Cassils (beau timbre dans chaque cas) et la basse Tomislav Lavoie (grave déjà impressionnant, discours nuancé).

Mais il reste bien des détails à parfaire chez tous. Il en reste encore plus chez les autres : Michèle Cusson (grosse voix wagnérienne, justesse approximative), Katie Bolding (beaucoup d'ornements, très peu de chant), Natalie Cummings (voix puissante mais mal conduite, sens rythmique incertain), Benito Rodriguez-Ceballos (autre voix puissante, plutôt laide cependant), Maria Fernanda Castillo Loeza (voix belle mais peu subtile), Sara Papini (très belle fille, voix stridente).

Certaines pièces étaient assorties d'une petite mise en scène. Tour à tour au piano : Louise Pelletier, Rainer Armbrust et William Vendice.

INSTITUT CANADIEN D'ART VOCAL. Concert final, samedi soir 18 août, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.