L'expérience est concluante : la première Virée classique, festival d'un jour concocté par Kent Nagano et l'OSM, est une réussite. Avec plus de 15 000 billets vendus et la plupart des concerts présentés à guichets fermés, la Place des Arts ressemblait hier à une véritable fourmilière.

Il faut dire que depuis l'ouverture de la Maison symphonique et les dernières rénovations, l'endroit est devenu convivial et chouette à fréquenter avec ses restaurants, son salon urbain et son animation constante. La Virée classique était bien dans l'esprit des lieux, et l'organisation de l'événement, menée plutôt rondement.

Pour le premier concert de la journée, Kent Nagano commence sur une note légère avec l'élégante Symphonie no. 1, dite «Classique», de Prokofiev, et un OSM réduit à une quarantaine de musiciens. L'exécution est guillerette. Vient ensuite le Concerto pour violon de Mendelssohn, interprété par l'Allemand Christian Tetzlaff.

Il s'agit là d'un artiste énigmatique, à la personnalité et au style aux antipodes de vedettes comme Anne-Sophie Mutter ou Joshua Bell. S'il était un vin, on pourrait sans doute le comparer davantage à la subtilité d'un bourgogne qu'à l'opulence d'un bordeaux. Cela ne l'empêche pas de dégager une forte présence sur scène. Son jeu est fébrile, vif, aérien et dénué d'emphase. Mais dans la cadence, il est si empressé qu'il laisse à peine aux phrases le temps de respirer. On en ressort avec l'impression d'avoir entendu un Concerto de Mendelssohn décapé de tout sentimentalisme.

En sortant de la Maison symphonique, on replonge dans le brouhaha. Les uns se pressent vers un autre concert, les autres flânent en attendant le prochain. On s'entasse au studio d'ARTV, où Françoise Davoine enchaîne les entrevues avec des musiciens. Avec sa désarmante simplicité, le violoncelliste Stéphane Tétreault y raconte quelques anecdotes comiques.

Plus loin, au kiosque des cuivres, un enfant de cinq ans tire des sons d'une trompette à l'étonnement général. Dans la salle d'exposition de l'Espace culturel George-Émile-Lapalme, petits et grands reconstituent un air de Vivaldi en alignant des tubes de métal à l'aide d'un code de couleurs. Au centre de la place, une petite fanfare de cinq musiciens captive les curieux de passage.

Un peu plus tard, Paul Merkelo, charismatique trompette solo de l'OSM, raconte la petite histoire de son instrument devant quelques centaines de personnes. Il invite un volontaire à le rejoindre pour suivre un cours en public. Un dénommé Jean-Pierre sert de cobaye et tente de souffler dans l'embouchure. Le son bizarre qui en sort déclenche l'hilarité.

Ainsi va la journée, dans la bonne humeur et sans stress, au gré des activités. Où que l'on aille, il y a toujours quelque chose à voir ou à entendre. Seul bémol : on n'aperçoit pas beaucoup de jeunes parmi les participants. Peut-être, l'an prochain, faudrait-il élaborer un volet jeunesse plus substantiel si c'est la relève que l'on souhaite former, et non prêcher aux convertis. Quoi qu'il en soit, la journée fut ponctuée de petits et de grands bonheurs que l'on espère renouveler.