Les Violons du Roy partageaient entre Mozart et Schubert leur traditionnel concert au Festival de Lanaudière. La nouveauté du programme était cependant le Concerto pour deux pianos de Mozart et ses solistes italiens: Benedetto Lupo, déjà entendu avec cet orchestre, et sa très jeune élève Beatrice Rana, 19 ans, grand prix du Concours international de Montréal l'an dernier.

Le Mozart fut un total enchantement. Se faisant face et tournant eux-mêmes leurs pages, le maître au premier piano et la disciple au second échangeaient juste ce qu'il faut de regards pour maintenir la synchronisation nécessaire (comme on le voyait sur les écrans géants). Ils nous donnèrent un Mozart transparent, sans la moindre fausse note, sans un seul instant de désaccord, miraculeusement fluide d'un clavier à l'autre et inspiré par la même esthétique sensible, mais rigoureuse et idéalement encadré par le chef Bernard Labadie et ses musiciens. Aux premier et dernier mouvements, les solistes choisirent les cadences de Mozart. C'est la coutume généralement suivie, mais il y a des exceptions.

L'après-entracte était occupé par la neuvième Symphonie de Schubert. On la surnomme La Grande, pour la distinguer d'une autre dans la même tonalité de do majeur, mais surtout parce qu'elle est très longue. Jouée avec toutes les reprises, elle peut durer, en effet, une heure complète - 60 minutes. Vendredi soir, j'ai effectivement chronométré 62 minutes.

On a parlé à son sujet de divines longueurs. Longueurs, indiscutablement. Divines, je n'en suis pas si sûr. J'ose le dire: les interprétations de grands orchestres symphoniques de 90 musiciens et de style plutôt romantique, si elles sont profondément senties, me satisfont pleinement. L'approche de Labadie, avec 47 musiciens, me laisse indifférent. Labadie vient du baroque et semble incapable d'en sortir. Son Schubert manque de tout: de lyrisme, de drame, de mystère et, surtout, d'imagination. Que reste-t-il alors? L'exécution elle-même: impeccable de la première à la derrière note, avec une mention spéciale au parfait hautbois, très sollicité ici, de Josée Marchand.

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LES VIOLONS DU ROY. Chef d'orchestre: Bernard Labadie. Solistes: Benedetto Lupo et Beatrice Rana, pianistes. Vendredi soir, Amphithéâtre Fernand-Lindsay de Joliette. Dans le cadre du 35e Festival de Lanaudière. (Radiodiffusion: Radio-Canada, 25 juillet, 20 h.)

Programme:

Concerto en mi bémol majeur pour deux pianos et orchestre, K. 365 (1779) - Mozart

Symphonie no 9, en do majeur, D. 944 (1825-26) - Schubert