Le Festival de Lanaudière ouvre sa 35e saison avec une oeuvre à grand déploiement, ce soir: le Requiem de Berlioz, qui réunit 300 musiciens et choristes, et le jeune ténor montréalais Frédéric Antoun comme unique soliste.

Celui qui fait surtout carrière en Europe depuis quelques années sera particulièrement présent au Québec cet été, pour deux projets exigeants. D'abord Lanaudière, ensuite Québec.

«Le Requiem de Berlioz est une oeuvre immense, dit Frédéric Antoun. Une musique suggestive, remplie d'effets sonores et théâtraux, mais également porteuse de merveilleux moments d'élévation, d'abandon et d'humilité. Il y en a pour tous les goûts. Le ténor doit être en très bonne forme vocale.»

L'Orchestre du Festival est dirigé par Jean-Marie Zeitouni, tandis que le Choeur Saint-Laurent et le Cantata Singers of Ottawa ont Michael Zaugg comme chef de choeur.

Festival d'opéra de Québec

Le chanteur participe ensuite à une aventure fort excitante dans le cadre du deuxième Festival d'opéra de Québec: la première mondiale de The Tempest, du jeune compositeur britannique Thomas Adès, d'après l'oeuvre de Shakespeare. Il s'agit d'une coproduction entre le Festival d'opéra de Québec, le Metropolitan Opera, l'Opéra de Vienne et Ex Machina. Mise en scène par Robert Lepage, elle sera reprise à New York à l'automne, avec une autre distribution. Un projet qui devrait assurer une visibilité internationale considérable au jeune festival lyrique de la capitale. Antoun y chante Caliban, un rôle extrêmement difficile, explique-t-il.

«C'est une musique polytonale où la métrique change à presque chaque mesure, dit-il. Rythmiquement, c'est très complexe.»

D'autres chanteurs québécois et canadiens participent à la distribution, parmi lesquels Joseph Rouleau, Julie Boulianne, Daniel Taylor et Antonio Figueroa.

La piqûre

Natif d'Ahuntsic, Frédéric Antoun ne se destinait pas à une carrière musicale. Il avait pris des leçons de piano et de violoncelle durant l'enfance, mais c'est en sciences de la santé au Collège de Bois-de-Boulogne qu'il s'est d'abord dirigé, dans le but de devenir médecin.

«J'aimais beaucoup la noblesse du métier et je voulais aider les gens, mais une fois mes études entreprises, je manquais clairement de motivation.»

Puis, c'est la révélation. Lorsqu'il écoute la Neuvième de Beethoven et des oeuvres de Bach, un autre monde s'ouvre à lui. «Je n'avais jamais écouté beaucoup de musique classique auparavant, dit-il. J'en avais évidemment répété, puisque j'avais appris des instruments. Mais à 20 ans, je me suis mis à en écouter beaucoup et une nouvelle dimension de la vie s'est révélée à mes oreilles. J'ai eu la piqûre.»

Il entre alors en chant à l'école de musique Vincent-d'Indy, et poursuit au baccalauréat à l'Université de Montréal. Il fait ensuite sa maîtrise en chant à l'Université de Montréal avec Yolande Parent et prend des leçons avec Lyne Fortin. Puis, il est accepté au prestigieux Curtis Institute, à Philadelphie, où il obtient une deuxième maîtrise en parallèle à ses premiers rôles à l'opéra, dont celui de Pang dans Turandot à l'Opéra de Montréal, en 2004. On l'y a entendu plusieurs fois depuis, la dernière fois en 2010, lorsqu'il incarnait le Prince charmant dans une mémorable Cendrillon de Massenet aux côtés de Julie Boulianne.

Depuis ses débuts, les rôles se sont enchaînés régulièrement pour ce ténor lyrique, surtout en Europe. En 2014, il fera ses débuts à Covent Garden en Tonio, dans La fille du régiment. D'ici là, il sera, entre autres, Gérald dans Lakmé, à Montpellier, et Lindoro dans L'Italiana in Algeri à Marseille.

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Concert d'ouverture du Festival de Lanaudière, Amphithéâtre Fernand-Lindsay, ce soir, à 20h.

The Tempest, Festival d'opéra de Québec, Grand Théâtre de Québec, les 26, 28, 30 juillet et 1er août, à 20h.