L'ouverture du 35e Festival de Lanaudière n'a attiré que 3000 personnes samedi soir à l'Amphithéâtre Fernand-Lindsay, qui peut en recevoir 10 000. Pourtant, il faisait un temps magnifique et le programme était consacré à une grande oeuvre chorale, genre qui habituellement fait courir les foules.

Mais voilà le hic: on n'avait pas choisi la bonne oeuvre. On n'ouvre pas un festival d'été avec un Requiem, surtout pas le Requiem de Berlioz, oeuvre certes très travaillée, très savante, qui sonne encore moderne aujourd'hui, mais qui émeut rarement ou pas du tout. L'audition sans entracte totalisa 85 minutes (ce chiffre incluant les applaudissements entre les 10 mouvements!). J'ai eu l'impression que cela avait duré deux heures.

Berlioz fit créer son Requiem par 400 exécutants, mais il en souhaitait deux fois plus et même davantage. Lanaudière dut se satisfaire de 250 (140 au choeur, 110 à l'orchestre), ce qui produisit quand même un impact sonore convaincant. Dans le Tuba mirum annonçant la fin du monde, le compositeur prescrit quatre petits orchestres de cuivres placés aux quatre angles de la masse chorale et orchestrale, suggérant les quatre points cardinaux, pour l'obtention d'un saisissant effet spatial. Ici, nouveau compromis: on avait simplement placé les quatre groupes de cuivres à l'avant, de chaque côté de l'orchestre et de chaque côté de la scène.

Dirigée avec énergie et conviction par Jean-Marie Zeitouni, l'exécution fut une incontestable réussite musicale, jouant sur une gamme dynamique pour ainsi dire infinie, depuis le pianissimo proche de l'inaudible jusqu'au fortissimo faisant trembler le sol. L'Orchestre du Festival, un «pick-up» recruté parmi tous nos ensembles locaux, fut toujours à la hauteur (la liste des musiciens paraissant dans le programme était incomplète). La formation chorale, mêlant professionnels et amateurs, fut aussi à la hauteur, malgré des ténors un peu faibles.

L'unique soliste du Requiem est aussi un ténor: il ne vient qu'à la toute fin, et pour quelques minutes seulement. On annonça que Frédéric Antoun était indisposé mais qu'il chanterait quand même. Il y avait en effet de l'effort, mais aussi de l'émotion, dans ses quelques phrases.

Les deux courtes pièces de Copland et de Joan Tower ajoutées en début de programme servirent de réchauffement aux cuivres et aux timbales.

ORCHESTRE DU FESTIVAL, CHOEUR SAINT-LAURENT et CANTATA SINGERS OF OTTAWA (dir. Michael Zaugg).

Chef d'orchestre: Jean-Marie Zeitouni.

Soliste
: Frédéric Antoun, ténor.

Samedi soir, Amphithéâtre Fernand-Lindsay de Joliette. Dans le cadre du 35e Festival de Lanaudière.

Programme: Requiem op. 5 (1837) - Berlioz