Bien qu'assez réussi comme tel, le concert inaugural du 10e Festival Montréal Baroque ne suggérait que très lointainement, sinon pas du tout, cette «fin du monde en 2012» choisie comme thème cette année.

Cette fois encore, l'événement avait lieu à la Fonderie Darling, immeuble délabré du Vieux-Montréal où se tient présentement une exposition intitulée Les oeuvres qui n'étaient pas là. Elles y étaient hélas!

Ouvert et fermé par un défilé en costumes (où figurait un adorable poney) et alternant sur deux scènes, le concert totalisa plus de deux heures et demie sans entracte, dans la chaleur que l'on sait et au milieu de bouchées et rafraîchissements servis gratuitement en même temps que la musique.

Premier entendu, l'ensemble Proemio, qui n'est pas péruvien mais montréalais et réunit un ténor qui chante tout le temps et quatre instrumentistes, monopolisa une grosse demi-heure avec sa kyrielle de plates chansonnettes sud-américaines.

De Couperin le Grand, L'Apothéose de Lully se déroula sur les deux scènes à la fois. Sur l'une: Les Boréades de Francis Colpron et sa flûte à bec. Sur l'autre: la troupe de danse Les Jardins Chorégraphiques... réduite ici à une seule personne, la blonde Marie-Nathalie Lacoursière, dont la voix annonçant les pièces se perdait dans la réverbération du vaste lieu.

Même problème d'acoustique dans la Médée de Clérambault. Andréanne Paquin empruntait bien le ton acariâtre du personnage, mais on ne comprenait pas un mot de ce qu'elle chantait. Le claveciniste Olivier Fortin et son petit ensemble Masques l'encadrèrent bien; ils perdirent simplement 15 minutes avec cette «création» de Dominique Lupien.

Finalement, le meilleur moment de la soirée fut la demi-heure de l'audacieuse messe Et ecce terrae motus - ou «de la terre qui tremble» - d'Antoine Brumel chantée a cappella par 12 voix du Studio de musique ancienne auxquelles le titulaire Christopher Jackson imprimait ces violents croisements suggérant ce que le musicologue François Filiatrault appelle si justement «les déplacements de la croûte terrestre».

Le Studio reprendra le Brumel la saison prochaine et l'enregistrera peut-être.

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FESTIVAL MONTRÉAL BAROQUE. Ouverture jeudi soir, Fonderie Darling.