Le Concours musical international de Montréal (CMIM) bat son plein. Cette année, le chant est à l'honneur, et des invités de marque composent le jury. Parmi eux, la célèbre soprano Renata Scotto, que La Presse a rencontrée en compagnie du ténor Marc Hervieux, porte-parole du concours.

Interprète légendaire, Renata Scotto a tenu plus de 100 rôles et a chanté dans plus de 45 opéras tout au long de sa carrière sur les plus grandes scènes du monde... ainsi qu'à Montréal, lors d'Expo 67! Sa dernière visite ici comme interprète remonte à plus de 20 ans, lorsqu'elle avait chanté à la cathédrale de Joliette pendant le Festival de Lanaudière.

Aujourd'hui, elle se consacre à l'enseignement et à la mise en scène. Et si elle a accepté de faire partie du jury du CMIM, c'est qu'elle considère qu'il s'agit d'un concours très bien organisé et bénéfique pour les participants.

«Il y a trop de concours de nos jours dans le monde, dit-elle. Peut-être que certains participants y vont parce qu'ils ont besoin de gagner des bourses. Mais ce n'est pas bon de trop penser à l'argent. Il faut d'abord penser à se développer sur le plan artistique si on veut avoir une belle carrière à long terme. Je ne fais pas souvent partie de jurys, mais je trouve que le CMIM est fantastique.»

Les choses ont bien changé dans le monde lyrique depuis qu'elle a fait ses débuts comme chanteuse. «Aujourd'hui, on exige davantage des chanteurs. Les nouveaux metteurs en scène ont parfois des exigences vraiment étranges, qui font passer la musique au second plan. De plus, on choisit parfois malheureusement la distribution en fonction de l'apparence physique des chanteurs. Je ne suis pas une tenante des traditions, mais la musique et le respect du compositeur doivent primer sur tout!»

L'importance des concours

Le ténor Marc Hervieux est le porte-parole du CMIM. Ironie du sort: il avoue avoir été lui-même un piètre candidat aux concours auxquels il a participé. «Je suis déjà arrivé bon dernier pour la bourse Joseph-Rouleau après le Conservatoire, raconte-t-il. J'étais allé voir les juges pour leur poser des questions, et ils m'avaient fait des commentaires impitoyables. Quelques années plus tard, je chantais sur une scène avec Joseph Rouleau en personne!»

Un musicien ne devrait pas se laisser décourager par ses résultats aux concours, croit le ténor. Il est possible de faire carrière comme chanteur sans gagner de concours. À l'inverse, les gagnants des grands concours ont devant eux un tremplin incroyable. La soprano Marianne Fiset, qui a raflé tous les prix de l'épreuve de chant du CMIM en 2007, est aujourd'hui une étoile montante de la scène lyrique internationale.

«Si tu ne gagnes pas, ce n'est pas la fin de ta carrière, dit Marc Hervieux. Mais il faut le reconnaître: si tu gagnes, ça peut vraiment en être le début! Sur place, il y a beaucoup de directeurs de maisons d'opéra et d'agents qui sont à la recherche de nouveaux talents.»

Enfin, que l'on gagne ou que l'on perde, participer à un concours est une expérience exceptionnelle. «Dans un opéra, tu peux d'une certaine façon te cacher derrière le personnage que tu joues, dit-il. Mais dans un concours, il n'y a pas de moyens de se défiler. La pression est encore plus forte que dans un opéra.»

Le premier prix comprend une somme de 30 000$ et un programme de développement de carrière d'une valeur de 20 000$. Le concours accueille 26 candidats de 7 pays, dont 13 du Canada et 5 du Québec. L'OSM, dirigé par Alain Trudel, accompagnera les candidats lors de la finale et du concert-gala.

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CMIM, demi-finale, 1er juin, 19h30, et 2 juin, 13h30 et 19h30, salle Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Finale: 5 et 6 juin, 19h30, Maison symphonique de Montréal. Concert-gala: 8 juin, 19h30, Maison symphonique.

Renata Scotto donnera une classe de maître dimanche à 14h30 à la Salle de concert Bourgie du Musée des beaux-arts de Montréal. Entrée gratuite.