L'immense talent déjà révélé par l'Ontarien Philippe Sly - deux opéras à McGill, un Bach avec Nagano et l'OSM - a été confirmé lors du récital qui, lundi soir, clôturait la saison de la Société d'art vocal de Montréal.

L'étonnante maturité de ce garçon de 23 ans à l'allure très simple se manifeste à tous les niveaux. Vocal, d'abord. L'affiche dit «baryton-basse», faute d'un meilleur terme. Il s'agit effectivement d'une voix très ferme de baryton aux riches résonances de basse et qui, comme telle, pourrait assurer à son possesseur une bonne carrière. La voix gagnera sans doute encore en volume, en étendue et en couleur.

Autre sujet d'étonnement: la plénitude de l'interprétation. Il est clair que chaque pièce a été travaillée dans tous les détails, à commencer par la prononciation: impeccable, en français et en allemand comme en anglais, elle redonne à chaque texte son authentique couleur. Le chanteur a pénétré le sens de chaque mot et va ainsi à l'essence de l'oeuvre. Ce qu'il raconte, on le lit déjà sur son visage.

Dans les Duparc et le Don Quichotte de Ravel, c'est un grand chanteur français qu'on écoute; dans le groupe Schubert de la fin, un grand chanteur allemand. M. Sly offre ce groupe final à la mémoire de Fischer-Dieskau et, en rappel, choisit un autre Schubert qui, dans les circonstances, ne pouvait être que An die Musik...

Curieux de découvertes, il complète son programme avec quatre mélodies de Guy Ropartz sur des Heine en traduction et trois autres, du Britannique Jonathan Dove, d'après Tennyson. Dans les deux cas, il crée une enveloppante atmosphère, secondé par ce parfait chambriste qu'est Michael McMahon.

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PHILIPPE SLY, baryton. Au piano: Michael McMahon. Lundi soir, Conservatoire. Présentation: Société d'art vocal de Montréal.