Interprété en français, ce «road opera» s'inspire d'Alexandra David-Néel (1868-1969) qui parcourut des sentiers tibétains dans des conditions extrêmes. Pauline Vaillancourt y a entrepris de dépeindre l'épopée de cette Française qui fut cantatrice, journaliste, féministe, bouddhiste, écrivain, philosophe, exploratrice au cours de ses 101 années d'existence.

Chants Libres, compagnie lyrique de création que dirige Vaillancourt depuis sa fondation, présente ainsi son 14e opéra,  Alexandra.

Plus précisément, on y évoque l'expédition clandestine de l'exploratrice jusqu'à Lhassa, ville sainte et capitale du Tibet alors interdite - l'armée britannique en bloquait l'accès. Après plusieurs tentatives ratées, Alexandra David-Néel réussit à s'y rendre clandestinement en 1924, accompagnée du jeune lama Aphur Yongden qui deviendra plus tard son fils adoptif. Plus de 3000 kilomètres à pied à travers l'Himalaya!

«J'admire cette femme qui fut très courageuse dans le contexte de son époque. Elle est devenue une orientaliste réputée. Elle étudiait les religions d'Asie pour finalement aboutir au Tibet dont elle est tombée amoureuse. Nous avons retenu deux tentatives ratées et le voyage finalement réussi - au péril de sa vie alors qu'elle était âgée de 56 ans, elle s'était déguisée en mendiante et mère d'un lama», explique l'initiatrice du projet.

Pour la préparation d'Alexandra, la directrice artistique et son librettiste, Yan Muckle, se sont eux-mêmes rendus au Tibet.

«Nous y avons fait le tour des monastères. Nous estimons avoir réussi à y visualiser les conditions dans lesquelles Alexandra a vécu. Nous avons d'ailleurs ramené beaucoup d'images et de sons qui ont servi à l'opéra. Nous avons saisi ce qui l'a fait tomber en amour avec ce pays. Difficile à expliquer, en fait... Ce peuple est si près de la nature et de son environnement immédiat, de cette géographie extrême, ces paysages à couper le souffle. Dans un tel environnement, tu penses forcément d'une autre façon que la nôtre», raconte Pauline Vaillancourt.

Ainsi, l'opéra Alexandra a pris forme. Le personnage principal est incarné par la soprano Jessica Wise. Celui d'Aphur Yongden est joué par le ténor François-Olivier Jean. Le choeur de cinq voix masculines est composé des barytons-basses, John Giffen, Patrick Mallette et Philippe Martel, et des basses Steeve Vérayie et François Dubé. Ils sont moines, nomades, soldats,  paysans. La narratrice est campée par Pauline Vaillancourt (soprano). Sous la direction de Cristian Gort, six musiciens de l'Ensemble In Extensio interpréteront la musique composée par Zack Settel- les percussionnistes Barah Héon-Morissette et Olivier Maranda, la clarinettiste Louise Campbell, clarinette, le hautboïste David Jomphe, le tromboniste Angelo Munoz, la violoncelliste Andrea Stewart.

Zack Settel en explique sommairement le projet musical :

«On a adopté une forme que l'on nomme «road opera» parce qu'elle ressemble à celle d'un road movie.  C'est toujours en mouvement. Il y ce monde extérieur qui bouge et il y a ces personnages qui se transforment intérieurement pendant le voyage. Ces deux mouvements ont modelé les formes musicales. Lorsque, par exemple, il se passe des choses plus intérieures, les musiques sont plus méditatives, moins dynamiques. J'y ai usé un peu d'électronique mais il s'agit surtout de musique instrumentale acoustique.»

L'artiste visuelle Jocelyne Alloucherie a conçu la scénographie d'Alexandra. Jean Décarie et Catherine Parent ont créé la vidéographie inspirée du matériel visuel rapporté du Tibet en 2010 par Yan Muckle et Pauline Vaillancourt. Les éclairages sont de Nicolas Descoteaux, la conception des costumes de Marianne Thériault et les maquillages de Jacques-Lee Pelletier.

«Cet opéra, conclut Pauline Vaillancourt, je le trouve particulièrement à propos dans le contexte actuel. Aujourd'hui, nous avons besoin de rêves et de lueurs d'espoir, d'exemples de persévérance.»

Alexandra est présenté à l'Usine C, 20h, de mardi à samedi - 15, 16, 17, 18 et 19 mai. Pour infos supplémentaires : www.chantslibres.org