Kent Nagano était présent, comme chef et commentateur, à la cinquième et avant-dernière rencontre «Musique et Littérature» de l'OSM. Il avait centré le programme sur le révolutionnaire monodrame Pierrot lunaire de Schoenberg, oeuvre qu'il affectionne tout particulièrement et qu'il avait préparée avec six musiciens (une chanteuse et cinq instrumentistes) identifiés comme «Solistes de l'Opéra d'État de Bavière», c'est-à-dire du Bayerische Staatsoper de Munich dont il est le Generalmusikdirektor.

Une page du programme vantait d'ailleurs les relations Bavière-Québec. Quelques dignitaires, dont le ministre des Finances, Raymond Bachand, assistaient à l'événement. On a aussi rappelé que Pierrot lunaire fut créé il y a un siècle, en 1912, l'année du naufrage du Titanic.

Le Titanic n'est plus, mais Pierrot lunaire tient le coup, bien que, 100 ans plus tard, cela reste l'une des créations les plus rébarbatives qui soient, au double point de vue texte et musique. Le Pierrot lunaire de l'OSM suscita quand même assez d'intérêt pour qu'une séance soit ajoutée, dès samedi, à celle déjà annoncée pour lundi. Tant mieux pour l'OSM et tant mieux pour les quelque 800 personnes que la chose a attirées.

En ce qui me concerne, cette oeuvre reste un total mystère: le texte ne me parle pas et la musique ne me rejoint pas. La version munichoise se ramenait d'ailleurs à une lecture très correcte, sans plus. Annegeer Stumphius, une blonde walkyrie en robe gris fer, lisait ses lignes mi-parlées, mi-chantées de «Sprechgesang», alors que nos deux héroïnes locales dans le domaine, Ingrid Schmithüsen et Pauline Vaillancourt, livrent leur dément numéro de Pierrot par coeur et avec autrement plus d'effet.

Le Schoenberg occupa ses habituelles 40 minutes de durée. En première partie, Nagano expliqua comment le «melodram» allemand (déclamation sur accompagnement musical) conduisit au «Sprechgesang» schoenbergien et rappela le rôle d'intermédiaire joué par la première version de l'opéra Königskinder d'Engelbert Humperdinck, créée précisément à Munich en 1897.

Après la présentation de Nagano (dont le français s'améliore, semble-t-il!), ses invités munichois donnèrent quelques exemples du genre «melodram» signés Schumann, Wagner et Liszt. Mme Stumphius s'y révéla excellente narratrice. Quelques pièces instrumentales complétaient cette heure précédant le Schoenberg.

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MUSIQUE ET LITTÉRATURE. Lundi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Présentation: OSM.