À la pile de 9 kilomètres (de haut) que forment les archives privées de Bibliothèque et Archives nationales du Québec s'ajouteront bientôt les 4 mètres de documents que la soprano Colette Boky a décidé de céder à l'institution.

«Depuis un an, je me consacre à l'exercice quelque peu angoissant de sortir mon passé des boîtes», a avoué Mme Boky dans un bref discours, mardi, dans la salle des Géants du Centre d'archives de Montréal de la rue Viger, où l'entente s'est officiellement conclue. «Faire de Bibliothèque et Archives nationales le dépositaire de mon passé m'a semblé la meilleure façon d'exprimer ma reconnaissance à ma terre natale», a continué la grande artiste lyrique, née Colette Giroux à Rosemont en 1935.

Guy Berthiaume, le président de BAnQ, a rappelé les grandes lignes de la belle carrière de Colette Boky, qui s'est fait connaître sous le nom de son premier mari (Boeky): 40 ans de scène, 90 rôles, 25 concerts avec l'Orchestre symphonique de Montréal et 30 ans d'enseignement à l'UQAM. À la première de ses 30 apparitions au Metropolitan Opera de New York en 1967, la soprano faisait la Reine de la nuit, dans La flûte enchantée de W.A. Mozart, un rôle dont le grand air (du même nom) est l'un des plus exigeants de l'art lyrique, selon les experts.

En faisant l'acquisition d'archives privées - en acceptant le don, en fait -, BAnQ s'engage à deux niveaux, expliquera à La Presse Normand Charbonneau, conservateur et directeur général des archives: «Nous garantissons à la donatrice que ses archives seront conservées dans des conditions optimales de température, d'humidité et de luminosité. Selon leur nature, nous nous engageons aussi à rendre ses archives disponibles aux chercheurs et aux étudiants, au grand public parfois, toujours dans l'optique d'en faire profiter le plus grand nombre.»

Gantée de blanc comme l'archiviste Hélène Fortier qui l'assiste dans sa démarche archivistique, Colette Boky a présenté mardi quelques-unes des 750 photos de son fonds: ici, entourée de Jacques Normand, Doris Lussier, Paul Berval et Normand Hudon, plus délirants que lyriques; là, dans une scène de la version filmée des Joyeuses commères de Windsor (1966) où Frau Fluth s'apprête à chanter son grand air dans un bain... et dans le plus simple appareil scénique. «Une expérience amusante», se rappelle Colette Boky, une des rares artistes lyriques québécoises dont on ait une (auto) biographie (Colette Boky - Le chant d'une femme, avec la collaboration de Mireille Barrière, Triptyque, 2008).

La dernière vedette de la scène à avoir fait un don à BAnQ avait été Clémence DesRochers, qui y a déposé en novembre dernier 72 «cahiers d'écriture».