Concert chargé cette semaine à l'OSM. Deux poids lourds - allemands, cela va de soi - occupent la soirée entière: le poème symphonique Don Quixote de Richard Strauss, avec ses deux solistes (au violoncelle et à l'alto), et le deuxième Concerto pour piano de Brahms, dont les quatre mouvements en font l'un des concertos les plus longs du répertoire.

Dans Don Quixote (c'est le titre original de sa transposition musicale), Strauss retrace les folles aventures du héros de Cervantes (incarné par le violoncelle) et de son écuyer Sancho Pança (l'alto) en une série de 10 variations où l'orchestre très augmenté, tapageur et un rien vulgaire prend une très grand part.

Chacune des oeuvres écoutées à satiété à Wilfrid-Pelletier prend un nouveau relief en passant à la nouvelle salle, et c'est aussi le cas de ce Strauss pour ce qui concerne à la fois la polyphonie et les timbres instrumentaux. Ainsi, les cuivres bouchés imitant des bêlements de moutons, les deux bassons représentant deux moines, la machine à vent qui domine le fond de la scène: oui, tout cela est plus présent. On souhaiterait simplement que Nagano confère davantage de caractère à ces divers éléments, qu'il prenne un plaisir plus contagieux à l'exercice.

Le violoncelliste Brian Manker et l'altiste Neal Gripp (premiers-pupitres de l'OSM) sont à la hauteur, mais les seuls passages qui laissent quelque impression sont la 5e variation, où Don Quichotte pense à sa chère Dulcinée, et la mort du héros, à la toute fin.

Après l'entracte, le pianiste russe Boris Berezovsky propose une vision plutôt personnelle du Brahms. Le plus souvent, il joue trop fort, bien qu'avec toujours une grande clarté, et il joue trop vite, à un point même que l'orchestre a ici et là du mal à le suivre. Il s'égare un moment dans le Scherzo (le deuxième mouvement) mais il joue la reprise cette fois sans se tromper. Dans le trio central du même mouvement, et ensuite dans l'Andante, il se rappelle qu'un interprète doit aussi communiquer une certaine émotion.

Salle absolument comble, ovation monstre après chaque oeuvre.

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Orchestre Symphonique de Montréal

Chef d'orchestre: Kent Nagano. Solistes: Boris Berezovsky, pianiste, Brian Manker, violoncelliste, et Neal Gripp, altiste. Mercredi soir, Maison symphonique, Place des Arts. Séries «Grands Concerts».

Programme:

Don Quixote, pour violoncelle, alto et orchestre, op. 35 (1897) - Strauss

Concerto pour piano et orchestre no 2, en si bémol majeur, op. 83 (1881) - Brahms