Le colloque centré sur le 150e anniversaire de Debussy comprenait, salle Bourgie, une agréable soirée où le verbe avait autant de part que la musique. Jouées par le pianiste français François Chaplin, sept pièces du compositeur fêté et cinq pièces de ses contemporains Ravel et Fauré ou encore de Chopin, qu'il admirait, alternaient avec des lectures, par le comédien Jean Marchand, de ses lettres, de ses écrits publiés sous le nom de «Monsieur Croche antidilettante» et de textes portant d'autres signatures comme celle de Marcel Proust.

Le tout faisait une heure et demie, sans entracte. J'en aurais entendu davantage. Le lien n'était pas toujours évident entre ce que lisait M. Marchand et ce que jouait M. Chaplin. Ainsi, un long commentaire de Debussy sur ses Études pour piano était suivi par l'Étude op. 25 no 1 de Chopin. C'est ensuite seulement que le pianiste enchaîna avec l'Étude pour les arpèges composés dont Debussy parlait à son éditeur Durand.

Mais, dans l'ensemble, le déroulement était cohérent. Jean Marchand conférait beaucoup de caractère aux écrits de Debussy, lesquels découvrent un homme plus amer que véritablement sarcastique. Ici et là cependant, des problèmes (de diction ou d'amplification, ou des deux) nous faisaient perdre bien des mots.

François Chaplin, que je ne connaissais que de nom, m'est apparu comme un pianiste compétent, sans plus. Le piano de Debussy exige une absolue perfection de jeu à tous les niveaux. Or, M. Chaplin a perdu quelques points quant à la coordination des deux mains. Pour l'ensemble, son Debussy sonne bien et son Fauré, encore mieux. Dans le Nocturne op. 9 no 1 de Chopin, le pianiste a placé certains accords à l'octave inférieure. Un question d'édition, sans doute.

Il a presque tout joué de mémoire. Étrangement, il a pris son cahier à musique pour le Clair de lune que tous les étudiants en piano connaissent par coeur. Il a annoncé un rappel, d'une voix qui ne s'est guère rendue au-delà des premiers rangs. Il s'agissait d'une autre pièce de Debussy intitulée Le Berger.

«CLAUDE DEBUSSY : MUSIQUE ET PENSÉES». François Chaplin, pianiste, et Jean Marchand, lecteur. Mercredi soir, salle Bourgie du Musée des beaux-arts.