L'oeuvre la plus connue du mince répertoire pour alto et orchestre, Harold en Italie, de Berlioz, inspirée du héros de Byron, fait l'objet de deux enregistrements récents: par David Aaron Carpenter, avec l'Orchestre Philharmonique d'Helsinki dirigé par Vladimir Ashkenazy, chez Ondine, et par Antoine Tamestit, avec les Musiciens du Louvre-Grenoble dirigés par Mark Minkowski, chez Naïve.

Berlioz composa Harold pour Paganini, mais le légendaire violoniste, qui jouait aussi de l'alto, refusa l'oeuvre, prétextant qu'il n'y était pas suffisamment en vedette. Il est vrai qu'au quatrième et dernier mouvement, l'alto se tait pendant 370 mesures...

L'enregistrement de Carpenter annonce: «Soloist part: version written for Paganini.» Dans le livret intérieur, la promesse est réduite au seul premier mouvement. Le texte n'est pas très clair à ce sujet. L'écoute avec la partition révèle qu'après la longue montée en doubles cordes, Carpenter fait une sorte de «remplissage arpégé» entre des notes tenues (pour vérification: à partir de la mesure 73, soit à 6'25 sur l'indicateur). Pour les trois mouvements suivants, il suit la partition familière.

L'altiste américain n'a pas tort d'ajouter ces «notes entre les notes» car, dans ce passage (quelques minutes seulement), l'alto se confond habituellement avec l'orchestre. Ce que l'on constate aussi chez Tamestit.

Bien que les deux interprétations soient excellentes, j'accorderais une préférence à Tamestit pour un son d'alto plus chaud et une atmosphère de rêverie plus sentie. Par contre, Carpenter offre un meilleur complément de disque: de Paganini, déjà concerné ici, la Sonata per la Gran Viola, oeuvre de 1834, comme Harold, et qui fait bien sonner l'alto. Ashkenazy complète avec une effervescente ouverture de Béatrice et Bénédict.

Pour sa part, Minkowski propose un disque tout-Berlioz où Anne Sofie von Otter chante d'une façon très personnelle, parfois proche du crooning, le cycle des Nuits d'été. Un bruit lointain (une toux?) précède Sur les lagunes, la troisième pièce, que la chanteuse termine en s'écriant par deux fois «Que mon sort est am-mère!». Elle ajoute la Chanson gothique de La Damnation de Faust.

Harold en Italie et autres oeuvres

DAVID AARON CARPENTER

ONDINE, ODE 1188-2

****

ANTOINE TAMESTIT

NAÏVE, V 5266

*** 1/2

Harold en Italie et autres oeuvres, Antoine Tamestit Naïve, V 5266 *** 1/2