Dans cette même église Saint-Jean-Baptiste où il fut choriste anonyme il y a 15 ans, Yannick Nézet-Séguin, aujourd'hui vedette internationale, dirigeait jeudi soir les six cantates du lumineux Oratorio de Noël de Bach, au milieu de concerts à Rotterdam et de représentations de Faust au Met de New York.

L'énergique jeune chef de 36 ans retrouvait ainsi son «premier» Met, cet Orchestre Métropolitain qui lui a permis d'accéder à la scène mondiale. Le vaste temple de la rue Rachel était comble, l'écoute fut attentive et silencieuse, l'ovation finale semblait ne devoir jamais finir. Un grand soir.

Cette audition couronnait cinq concerts en périphérie au cours desquels les cantates furent données par groupes de trois, avec les mêmes effectifs, sous la direction de Pierre Tourville.

Coïncidence, la même oeuvre avait été montée à SJB dimanche dernier par d'autres formations, dirigées par Louis Lavigueur, et devant un auditoire moins nombreux. Les deux chefs donnaient la partition absolument complète, avec toutes les reprises, et dans l'allemand original, sous le titre Weihnachts-Oratorium.

En pleine possession de l'oeuvre et en plein contrôle des forces en présence, Nézet-Séguin amena choeur et orchestre à une exécution bondissante, lumineuse, avec des moments de sérénité et de tendresse là où le texte le requiert. Choristes et instrumentistes ne furent jamais déroutés par certains tempi très rapides, voire trop rapides, adoptés par un chef maintenant habitué aux formations les plus aguerries.    

Yukari Cousineau et Nancy Ricard ont joué impeccablement les solos destinés aux chefs d'attaque des deux groupes de violons, que N.-S. avait placés à sa gauche et à sa droite. Une mention toute spéciale va aux trois trompettistes qui, très sollicités ici, ont brillé jusqu'à la fin. On avait même inclus les deux hautbois «d'amore» et les deux hautbois «da caccia», aux couleurs si particulières, prescrits par Bach.

Des quatre solistes, le plus impressionnant fut Alexander Dobson. Baryton au timbre de basse et intelligent chanteur vivant son texte à chaque instant, il prit un ton moqueur fort approprié lorsque le vilain Hérode laisse entendre qu'il ira peut-être, lui aussi, adorer le «Kindlein», c'est-à-dire l'Enfant-Jésus.    

Le nouveau venu Jacques-Olivier Chartier déclama les récitatifs de l'Évangéliste avec la voix haute et droite qui convient. La voix chantée est plus limitée cependant. Les deux femmes furent simplement correctes. La mezzo Aidan Ferguson est trop effacée. La soprano Hélène Brunet chante juste, mais d'une voix extrêmement ténue. On dirait un petit oiseau.

WEIHNACHTS-ORATORIUM, pour quatre voix solistes, choeur et orchestre, texte anonyme, musique de Johann Sebastian Bach, BWV 248 (1734-35).

Orchestre Métropolitain et Choeur de l'OM (dir. Pierre Tourville et François Ouimet). Solistes: Hélène Brunet, soprano, Aidan Ferguson, mezzo-soprano, Jacques-Olivier Chartier, ténor, et Alexander Dobson, baryton. Dir.: Yannick Nézet-Séguin. Jeudi soir, église Saint-Jean-Baptiste.