Les jeunes patients de Sainte-Justine ont eu droit à un concert en toute simplicité, mardi, alors qu'une quinzaine de musiciens de l'OSM et le maestro Kent Nagano leur ont rendu une visite-surprise. Au programme, ce bon vieux Pierre et le loup, un classique qui sait toujours captiver petits et grands grâce à la musique géniale de Prokofiev.

Chaque année, pendant la période des Fêtes, Kent Nagano entraîne une partie de son orchestre hors de son cadre habituel. L'an dernier, ils ont visité les jeunes en situation précaire de l'organisme Dans la rue. Au tour cette année des enfants malades, qui ne demandent pas mieux que d'être divertis alors que plusieurs d'entre eux passeront Noël à l'hôpital.

Cela fend le coeur de voir arriver Amélia, 2 ans, minuscule puce blonde à la jambe attachée à son grand lit. Fémur cassé, explique sa mère. «Elle va passer trois semaines ici, dit-elle. Pour nous, ça veut dire qu'on passe Noël et le jour de l'An à l'hôpital, alors qu'on aurait dû partir pour Disney. Aujourd'hui, c'est la première fois qu'elle sort de sa chambre.»

Pierre Beaudry, tromboniste, et Timothy Hutchins, flûtiste, jouent des airs à la fillette tandis que d'autres spectateurs s'installent, certains en fauteuil roulant, d'autres tirant un poteau d'où pend un soluté. Des bambins sont fascinés par les instruments, qu'on leur laisse examiner.

La quinzaine de musiciens prend place avec son chef. «Je m'appelle Kent», lance le maestro devant une centaine de spectateurs, enfants, adolescents, parents, médecins et bénévoles.

C'est enfin le moment de rencontrer Pierre, le loup, le canard, l'oiseau, le chat et le grand-père, dont les péripéties sont racontées par la comédienne Anne Dorval. La petite Amélia gigote dans sa couchette au son des violons!

Après le concert, plusieurs mélomanes en herbe, dont une douzaine de «groupies» adolescentes, approchent timidement le maestro pour qu'il dédicace un disque de l'OSM dont on leur a fait cadeau. Celui-ci se prête au jeu avant d'entreprendre une tournée des chambres pour visiter des malades n'ayant pas pu se déplacer.

«La musique doit vivre partout, et pas uniquement derrière les murs d'une salle de concert, dit-il. Parmi les enfants présents ici, il y a très peu de chances, du moins cette saison, pour qu'ils puissent venir nous entendre. Tous les musiciens qui sont ici aujourd'hui ont donné leur temps parce qu'ils trouvent important de sortir et de partager la musique avec la communauté.»