Le Nouveau Quatuor à cordes Orford a été formé en 2009 pour perpétuer la tradition établie par l'ancien Quatuor Orford qui, né en 1965 au centre estival bien connu des Cantons de l'Est dont il avait pris le nom, exista, à travers quelques changements d'effectifs, jusqu'en 1991.

La nouvelle formation est, bien sûr, entièrement différente: Jonathan Crow et Andrew Wan alternant aux violons, Eric Nowlin à l'alto et Brian Manker au violoncelle. Le Orford «junior» vient de lancer son premier disque, enregistré en décembre dernier à Montréal et, pour des raisons inconnues, pour une marque américaine, Bridge.

Deux oeuvres le composent: le Quatuor op. 161 (D. 887), en sol majeur, de Schubert, et le Quatuor op. 135, en fa majeur, de Beethoven. Ce dernier des 15 Quatuors de Schubert et cet avant-dernier des 17 Quatuors de Beethoven datent tous deux de la même année, 1826, et se situent donc à la toute fin de la vie de leurs auteurs. Rapprochées dans le temps, les deux oeuvres sont aussi très voisines par l'esprit: d'une écriture souvent audacieuse pour l'époque, presque moderne même, et habitées d'une extrême tension, témoignage évident d'êtres qui souffrent. Ce sont, incontestablement, deux sommets du répertoire pour quatuor, que le Nouveau Orford a d'ailleurs joués à différents endroits cet été.

Le disque est, à tous égards, une très grande réussite. Tout ce que contiennent ces pages extrêmement troublantes, depuis les obsédants trémolos dans le Schubert jusqu'à ces épisodes du Beethoven où le temps semble suspendu, le jeune ensemble le traduit avec la plus entière vérité et la riche sonorité des quatre instruments est reproduite avec une parfaite clarté.

Un seul regret: l'omission de la reprise au premier mouvement du Schubert.