Premier chef invité de l'OSM dans la nouvelle salle, Michel Plasson, de France, qui fête ses 78 ans ce week-end parmi nous, se présente avec son jeune compatriote, le violoncelliste Gautier Capuçon qui, à 30 ans, pourrait être son fils et même son petit-fils.

Élancé mais un peu voûté et avançant lentement, le distingué visiteur a préparé un programme à sa mesure, exclusivement français, bien sûr, composé d'oeuvres qui l'ont accompagné toute sa vie, au concert et au disque, et qu'il dirige entièrement de mémoire (sauf, comme toujours, le concerto).

La période qui précède son entrée en scène nous permet de continuer à découvrir cette nouvelle salle lumineuse et chaleureuse, pleine d'audaces architecturales, où les spectateurs entourent complètement l'orchestre du haut de plusieurs niveaux, cette salle qui est l'une des belles réalisations qu'offre cette ville et que l'on peut certainement placer parmi les grandes salles de concert du monde entier. On note, en passant, que la moitié des grands réflecteurs acoustiques qui dominent la salle ont été abaissés, cette fois, au point de cacher une partie du buffet d'orgue.

Le programme débute par une rareté : la première des deux Symphonies de Gounod, qui est aussi une première à l'OSM. L'oeuvre puise habilement chez Haydn, mais ses 23 minutes offrent peu d'intérêt. Gounod est passé à l'histoire comme l'auteur de Faust et non comme symphoniste. Quand même, laissons à M. Plasson le plaisir de ce nostalgique retour à sa période de 30 ans avec l'Orchestre du Capitole de Toulouse au cours de laquelle il enregistra, notamment, les deux Symphonies de Gounod.

Reconnaissons aussi que la nouvelle acoustique met en valeur les plus belles vertus «françaises» de l'OSM : le délicat fugato des cordes au deuxième mouvement, les bois dans le trio du Scherzo.

Sur son précieux Goffriller de 1701, le jeune violoncelliste Gautier Capuçon, dans ses débuts à l'OSM (mais non à Montréal), apporte ensuite une sonorité large et profonde au premier Concerto de Saint-Saëns, dont les différentes sections s'enchaînent. Là encore, l'acoustique souligne les moindres nuances, du plus profond de l'orchestre au suraigu du violoncelle. Ovationné par une salle presque comble, le jeune soliste ajoute, en rappel, une adaptation non identifiée de la Méditation pour violon de l'opéra Thaïs, de Massenet. L'émotion vraie qu'il y met nous réconcilie avec une société où la sensibilité semble ne plus avoir de place...

Après l'entracte, M. Plasson s'attaque à deux mondes qui furent les spécialités de Dutoit. L'acoustique aidant, il fait des Valses nobles et sentimentales de Ravel un prodige de raffinement, dans le mouvement comme dans la couleur, et il traduit avec une force étonnante les épisodes dramatiques que renferme la deuxième suite du ballet Bacchus et Ariane de Roussel. M. Plasson descend dans l'orchestre et fait lever les premiers-pupitres, sous une nouvelle ovation à laquelle il répond lui aussi par un rappel : ce sera l'Adagietto de la première suite de L'Arlésienne de Bizet.

ORCHESTRE SYMPHONIQUE DE MONTRÉAL.

Chef invité : Michel Plasson. Soliste : Gautier Capuçon, violoncelliste. Jeudi soir, Maison symphonique de la Place des Arts, série «Grands Concerts». Reprises : vendredi, 10 h 30, «Matins symphoniques» (sauf le Ravel); dimanche, 14 h 30, «Dimanches en musique».

Programme :

Symphonie no 1, en ré majeur (1855) - Gounod

Concerto pour violoncelle et orchestre no 1, en la mineur, op. 33 (1872) - Saint-Saëns

Valses nobles et sentimentales (1911-12) - Ravel

Suite no 2 du ballet Bacchus et Ariane, op. 43 (1930-31) - Roussel