Le huitième stage annuel de l'Institut canadien d'art vocal s'est terminé samedi soir par un concert groupant sur la scène de la salle Claude-Champagne les 42 jeunes chanteurs et chanteuses venus de 11 pays participer aux séances de travail.

Le programme comprenait 24 numéros, soit 20 airs et quatre ensembles. Le répertoire français y avait la part du lion avec sept pièces. Il n'y aurait pas lieu de s'en plaindre si les répertoires italien et allemand avaient été mieux représentés. Or, on ne comptait là que trois pièces en italien et une seule en allemand. Ce regrettable déséquilibre était accentué par la présence au programme de 13 pièces dont plusieurs n'avaient rien à voir avec un tel exercice.

Pourquoi, en effet, accorder une telle place à ces pièces espagnoles et américaines plus ou moins semblables et proches de la chansonnette? On ne va pas à l'Institut d'art vocal pour entendre Granada: il existe des plateformes pour ce genre-là. Susannah de Carlisle Floyd est une oeuvre touchante (que l'Opéra de Montréal a d'ailleurs donnée il y a quelques années), West Side Story et Candide, de Leonard Bernstein, mettent à contribution le travail d'équipe. Mais, dans le cas de Floyd et de Bernstein, un seul exemple suffisait. Cette musique n'a pas une telle importance...

Les autres pièces espagnoles et américaines offrent peu d'intérêt et ne font pas partie du répertoire courant. Il n'y avait donc aucune raison de les imposer aux chanteurs et... aux auditeurs. Dans l'absolu, il faut reconnaître cependant que Chantale Nurse et Jasmine Muhammad ont apporté de grandes voix à des pages plutôt faibles, que Benito Rodriguez Ceballos possède voix et présence, et que la très belle Mikki Sodergren s'est révélée entertainer de premier plan dans le morceau intitulé I can be a sexy lady.

En fait, le programme totalisait 25 numéros puisqu'une amusante parodie des Trois Ténors sur O sole mio s'est ajoutée en cours de route.

Concernant la partie plus sérieuse du programme -- celle pour laquelle on était venu --, je retiens principalement trois contributions : Karine Boucher, soprano à la belle couleur de mezzo, reprenant l'air d'Hérodiade donné en master-class; Michelle Trovato, au soprano puissant et émouvant, revenant à l'air de Louise également présenté en master-class; et Jean-Michel Richer, prêtant son baryton chaleureux au grand air de Hamlet d'Ambroise Thomas.

Du même opéra, Marie-Ève Munger a traversé la très longue scène de folie -- et de haute voltige -- d'Ophélie avec toutes les notes bien en place. Mais l'aigu est à surveiller : dur, criard, chose incompréhensible chez une artiste aussi jeune.

La voix de Kyra Folk-Farber possède une certaine force. Avec cinq ténors à bord, n'aurait-on pu en trouver un pour lui donner les courtes répliques d'arrière-scène dans la grande scena du premier acte de La Traviata? Nikhil Navkai a lancé avec justesse les neuf contre-do de La Fille du régiment. J'ai même noté un certain progrès chez Marc-Antoine d'Aragon comme chanteur et comme comédien.

Les chanteurs se succédaient dans une petite mise en scène de Joshua Major, quatre pianistes les accompagnaient et Paul Nadler faisait office de chef d'orchestre.

INSTITUT CANADIEN D'ART VOCAL. Concert final, samedi soir, salle Claude-Champagne de l'Université de Montréal.