Une modification était apportée samedi soir au programme de l'Institut canadien d'art vocal, dont le huitième stage se déroule à la Faculté de musique de l'Université de Montréal jusqu'au 20 août. Sans explication, le récital intitulé «Péchés & Saintetés/Saints & Sinners» (!) fut remplacé par un concours de chant que suivit The Telephone, le petit opéra léger de Menotti déjà présenté maintes fois dans cette ville.

Le scénario de The Telephone est la simplicité même. Deux personnages seulement : Ben et Lucy. Ben ne parvenant jamais à formuler sa demande en mariage à Lucy, dont le téléphone sonne sans arrêt, il va dans une cabine téléphonique (ici, il prend son cellulaire) et parvient enfin à se faire entendre.    

Des 42 stagiaires de 11 pays inscrits cette année à l'Institut,The Telephone réunissait le baryton Dominique Côté, un élève de Lucette Tremblay qui fut le bouleversant Nelligan de la reprise de l'an dernier, et la soprano Vania Margani, de Toronto. Aussi bons comédiens que chanteurs, ils ont rendu la pièce de Menotti avec une parfaite vérité. L'exaspération du jeune homme, se frappant la tête contre les murs, était aussi totale que l'inconscience et la naïveté de la jeune femme. Il faut dire qu'ils étaient parfaitement appuyés par le piano de Jérémie Pelletier et la mise en scène de Joshua Major.

Avant l'entracte, un petit concours de chant, improvisé pour remplacer le programme initial, réunissait 13 chanteurs (11 femmes et deux hommes). Les candidats devaient avoir entre 20 et 25 ans et il y avait deux jurys: l'un réunissant cinq responsables de l'Institut, soit Joan Dornemann, Mignon Dunn, Paul Nadler, Rosemarie Landry et Gerald Martin Moore, l'autre étant formé de l'auditoire, étonnamment faible, soit moins de 100 personnes, à la petite salle Serge-Garant.

Karine Boucher, soprano de Québec qui a chanté l'air «Il est doux, il est bon» de Hérodiade, de Massenet, figure aux deux palmarès: premier prix du jury professionnel, deuxième prix du jury public.

Benito Rodriguez Ceballos, ténor du Mexique qui a chanté un air de zarzuela, figure aussi aux deux palmarès : premier prix du jury public, ex aequo avec le ténor Nikhil Navkal, des États-Unis, et deuxième prix du jury professionnel.

Nikhil Navkal, entendu dans un air de La Cenerentola, de Rossini, figure lui aussi aux deux palmarès puisqu'en plus de son ex aequo au jury public, il a reçu le troisième prix du jury professionnel.    

Au jury public, le troisième prix est allé à Adriana Velinova, de Bulgarie, qui a chanté un air du rare Portrait de Manon, de Massenet, au programme de l'Institut jeudi soir, 20h, salle Claude-Champagne.

Chacun des lauréats a reçu en prix une bouteille de vin du Québec.

En fin de compte, seulement quatre des 13 participants ont été retenus. À mon sens, la virtuosité et la musicalité du ténor Navkal, étonnantes à 23 ans,  justifiaient le premier prix des deux jurys. Dommage aussi qu'on n'ait pas signalé l'étourdissante agilité de l'Américaine Shara Radin en Reine de la nuit.

Un mot, enfin, sur les mauvais choix de pièce que font certains candidats, choix qui ne les aident certainement pas. Ainsi, Jasmine Muhammad a le physique de Turandot, mais non de la petite Mimi, et bien que Chelsea Feltman ait eu la courtoisie de choisir un air français, on ne comprenait à peu près rien de ce qu'elle chantait.