Brian Manker a emprunté au célèbre philosophe et musicologue Theodor W. Adorno le nom du quatuor à cordes qu'il a fondé en 2007 et qui avait attiré une salle absolument comble mercredi soir à la Maison Trestler.

Le musicien d'origine américaine, violoncelle-solo de l'OSM depuis 12 ans et membre d'un autre quatuor à cordes, le Nouveau Orford, aurait été parfaitement en droit d'appeler son ensemble Quatuor Manker.

Tout d'abord, parce qu'il s'agit de sa création. Ensuite, parce qu'il en est le chef et l'animateur. Enfin, et surtout, parce que, des quatre coéquipiers, c'est celui qui possède le plus de personnalité et de musicalité et qui projette la plus belle sonorité.

Non loin derrière lui se place l'altiste Jasmine Schnarr. Le Haydn et le Bartok ne lui offraient pas l'occasion de briller vraiment, mais son exécution absolument parfaite du sujet de fugue qui lance le finale du Beethoven -- 10 mesures à découvert, sans l'appui des autres instruments - est le fait d'un (ou d'une) altiste de tout premier plan.

Les deux violonistes ne font pas tout à fait le poids. Selon une coutume assez répandue, ils alternent au pupitre de premier-violon. En première partie du concert, c'est, comme par hasard, Mme Manker qui est au poste, avec un son plat et d'une justesse approximative indignes d'un vrai quatuor à cordes. Johannes Jansonius, violoniste à l'OSM et ancien membre du Quatuor Molinari, a au moins le mérite de jouer juste. Mais il n'a pas, lui non plus, l'envergure du patron.

Un patron dont la présentation des oeuvres au programme (malheureusement faite surtout en anglais) révélait une culture, une curiosité et une intelligence plutôt rares chez les musiciens d'orchestre.

Sur l'interprétation comme telle, presque rien à dire : l'ensemble est trop déséquilibré et l'auditeur ainsi rapproché des musiciens entend tous les défauts. Quand même, une bonne partie des recherches sonores dans le Bartok (doubles cordes, glissandos) produisirent leur effet. Au mouvement lent du Beethoven, quelques passages où les quatre sonorités se complétaient idéalement nous valurent un début d'interprétation.

QUATUOR À CORDES ADORNO - Johannes Jansonius et Katherine Manker (violons), Jasmine Schnarr (alto) et Brian Manker (violoncelle). Mercredi soir, Maison Trestler de Vaudreuil-Dorion.

Programme :

Quatuor no 34, en ré majeur, op. 20 no 4, Hob.III:34 (1772) - Haydn

Quatuor no 3, Sz. 85 (1927) - Bartok

Quatuor no 9, en do majeur, op. 59 no 3 ( (ic)Razoumovsky(ic) ) (1806-07) - Beethoven