Le Festival de Lanaudière accueille ce soir l'OSM en compagnie de la mezzo-soprano Susan Graham, sous la direction de Kent Nagano. La pétillante chanteuse parle de son affection pour les personnages tourmentés.

Susan Graham n'a rien d'une diva dans tout ce que ce terme peut avoir de péjoratif. La pétillante chanteuse s'adresse à La Presse le plus simplement du monde. Elle se rappelle notamment sa dernière présence à Montréal, en décembre dernier, alors qu'elle chantait avec l'OSM pour un concert de Noël dont elle dit garder un excellent souvenir.

Née au Nouveau-Mexique, Susan Graham a grandi au Texas où ses grands-parents possédaient un ranch. Elle a découvert la musique classique vers l'âge de 8 ans en prenant des leçons de piano. Puis, adolescente, elle s'est jointe à des chorales, ce qui lui a donné le goût d'étudier le chant dès l'âge de 16 ans.

«La première pièce que j'ai apprise dans mes cours de chant classique était Après un rêve, de Fauré. C'est un choix assez inhabituel pour une jeune fille de 16 ans. Mon prof pensait quand même que cela me conviendrait bien. J'ai ensuite continué à explorer le répertoire français, et c'est maintenant ma langue favorite pour chanter. J'ai chanté énormément en France, et j'ai enregistré beaucoup de disques de musique française.»

La cantatrice s'exprime d'ailleurs couramment dans la langue de Molière, bien qu'elle se dise embarrassée de la parler devant des francophones «parce que cela [lui] donne l'impression de parler comme un enfant de 3 ans», ajoute-t-elle en riant.

Le public d'ici a pu la voir au cours de la dernière saison dans Iphigénie en Tauride, de Gluck, diffusé en direct du Met au cinéma. Elle reprendra d'ailleurs ce rôle à Toronto en septembre. «À cause de mon enfance heureuse au Texas, j'ai une personnalité plutôt ensoleillée, alors j'adore interpréter des personnages en opposition avec celle-ci, qui sont pris dans la tourmente, comme Iphigénie, dit-elle. Ils me donnent la chance d'exprimer la peine, la souffrance, le deuil.»

Ce soir, c'est en allemand que l'on pourra apprécier sa voix. Elle interprétera les Rückert-Lieder, cinq pièces de Gustav Mahler pour voix et orchestre. «Ces lieder contiennent une réflexion sur l'au-delà, dit-elle. Mahler était obsédé par la mort. Ma pièce préférée est Ich bin der Welt abhanden gekommen, c'est beau à en couper le souffle. Le texte parle de quitter ce monde, et nous dit que tout ce qui nous reste à la fin est l'amour et la musique. Certains la considèrent comme une chanson sur la mort, mais je préfère y penser comme une chanson sur ce qui est vraiment important dans la vie.»

L'OSM et Susan Graham, ce soir, 20h, Amphithéâtre Fernand-Lindsay, dans le cadre du Festival de Lanaudière.