Le 53e Concours de musique du Canada avait réuni au printemps 579 concurrents dans huit provinces. De ce nombre, 218 furent retenus pour la finale nationale, qui s'est déroulée à Montréal fin juin-début juillet. L'exercice est ensuite passé de 218 à quatre.

Quatre ne représente pas le nombre de concurrents récompensés mais le nombre de gagnants choisis pour participer au concert des lauréats présenté jeudi soir dans le cadre des Concerts populaires du Centre Pierre-Charbonneau.

Ces lauréats furent accompagnés par l'Orchestre Métropolitain que dirigeait Alain Trudel, «ambassadeur culturel» du Concours et l'un des lauréats passés, avec Louis Lortie, Marie-Nicole Lemieux, Angela Hewitt et James Ehnes, entre autres.

On entend d'abord Ania Hejnar, soprano coloratura de 22 ans, d'Ottawa. La petite paraît dans une somptueuse tenue de bal rouge écarlate et affiche déjà -- en blaguant, bien sûr - une attitude de diva.

Elle traverse l'air vengeur de la Reine de la nuit, de La Flûte enchantée, avec la présence d'une artiste professionnelle. Plus tard, elle colorera d'un touchant mystère l'Air des clochettes de Lakmé. Les deux pages fourmillent de notes piquées et la chanteuse les atteint presque toutes sans problèmes.

Une petite révélation, cette Ania Hejnar; un réel talent vocal et scénique qu'on ne devrait pas tarder à retrouver dans une grande production lyrique.

Ses deux prestations encadraient celles de deux jeunes violonistes. Emma Meinrenken, 11 ans, de Toronto, a joué le finale du Concerto op. 64 de Mendelssohn sur un violon trois-quarts adapté à sa taille mais en a tiré un son étonnamment plein. Quelques petits écarts de justesse sont sans importance : la petite joue déjà avec l'élan d'une vraie violoniste.

On observe le même talent naturel pour le violon chez Éliane Charest-Beauchamp, 19 ans, de Longueuil, qui offre deux mouvements du Concerto op. 22 de Wieniawski. Autant elle se montre expressive dans la Romance, autant elle se révèle technicienne exacte dans l'éblouissant Allegro final.

Jason Kangsan Lee, pianiste de 17 ans, de Mississauga, Ont., clôt le défilé des lauréats avec le tonitruant premier Concerto de Liszt. Technique et puissance sont celles d'un virtuose. Le jeune homme fait quelques fautes, sans doute attribuables à la nervosité; il fait surtout beaucoup trop de rubato, et le déroulement du discours s'en ressent.

Alain Trudel et l'orchestre font des prodiges pour le suivre. La présence de Trudel est d'ailleurs l'une des réussites de ce concert. Délaissant une brillante carrière de tromboniste, Trudel est devenu l'un de nos chefs d'orchestre les plus intéressants. À preuve, le caractère qu'il a conféré à des pages aussi familières que l'ouverture d' Il Barbiere di Siviglia et le finale de la Symphonie du Nouveau Monde.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef invité : Alain Trudel. Solistes : lauréats du 53e Concours de musique du Canada. Jeudi soir, Centre Pierre-Charbonneau. Concerts populaires de Montréal. Reprise lundi, 19 h 30, Théâtre de verdure du parc La Fontaine.