Le deuxième récital de la série 2011 des dimanches d'été à l'orgue Casavant de la Basilique Notre-Dame s'est déroulé tel qu'annoncé, sans le moindre changement. On souhaite simplement qu'il en soit ainsi jusqu'au 21 août!

L'invité cette semaine, Jacquelin Rochette, avait préparé un programme substantiel d'une heure exactement, sans entracte, et y resta scrupuleusement fidèle. Mieux encore, il offrit de chaque oeuvre une réalisation du plus haut niveau.

Directeur artistique chez Casavant, la prestigieuse fabrique d'orgues de Saint-Hyacinthe d'où est sorti l'instrument de Notre-Dame (parmi des centaines!), M. Rochette se retrouvait certes en territoire familier. Il est d'ailleurs organiste d'une église de Saint-Hyacinthe et n'en était pas à sa première expérience à la Basilique.

Centré sur le XIXe siècle, son programme débutait par le premier des trois Chorals de Franck, qui sont de 1890. M. Rochette y montra une belle unité dans le discours et l'organisation sonore. En même temps, il prit un évident plaisir à faire ressortir le jeu de Voix humaine que Franck place au Récit, à surprendre aussi, peut-être, en doublant ce qui est déjà un double «forte» à la transition qui sépare les deux variations.

Un groupe Liszt de 1860-62 suivait, pour le bicentenaire. Les jeux que l'organiste choisit pour la Trauerode, ou Ode funèbre, sont très «noirs», très convaincants, et certainement très justes. Il joue davantage sur les contrastes entre «con pietà» et «agitato» dans l'Évocation à la Chapelle Sixtine, sorte de double référence à Allegri et Mozart.

La pièce de résistance était incontestablement la première Sonate d'Alexandre Guilmant, qui fut le professeur de Marcel Dupré et l'un des prédécesseurs de Messiaen à l'orgue de la Trinité. En 1993, année marquant le centenaire de sa visite à Montréal, on donna ses huit Sonates aux récitals du mercredi de l'Oratoire Saint-Joseph.

La première Sonate, op. 42, qui existe aussi en version pour orgue et orchestre, est en ré mineur et en trois mouvements et date de 1874. M. Rochette en traversa les 25 minutes avec l'autorité d'un maître. Dans le développement du premier mouvement, il fit bien ressortir les deux thèmes superposés. Les anches groupées au mouvement lent en rendaient bien le titre de Pastorale pourtant omis du programme. Et c'est l'orgue entier qui fut mis à contribution pour l'Allegro final, mélange à la fois de toccata et de choral.

JACQUELIN ROCHETTE, organiste. Dimanche soir, Basilique Notre-Dame (orgue à traction électropneumatique Casavant (1890-1991); 92 jeux, quatre claviers manuels et pédale).