Le 34e Festival de Lanaudière s'ouvrait samedi soir par un concert de l'Orchestre Métropolitain consacré à Beethoven et à cette célébrissime Neuvième Symphonie que l'OSM a aussi choisie pour l'inauguration, dans deux mois, de la nouvelle salle de la Place des Arts.

Il existe pourtant d'autres oeuvres idéales pour de telles occasions. Ainsi, en cette année du bicentenaire de la naissance de Liszt, Lanaudière aurait montré plus d'originalité en puisant aux grandes oeuvres chorales du compositeur hongrois qui méritent d'être mieux connues.

En fait, la principale nouveauté de ce concert inaugural était d'ordre visuel - plus précisément, quatre écrans géants, soit deux de chaque côté de la scène et deux à l'extérieur, face à la pelouse, qui magnifient chaque instant du concert. On y voit tour à tour le chef, les solistes, les choristes, les musiciens de l'orchestre, leurs instruments, et parfois même une partie du public.

Yannick Nézet-Séguin dirigeait ce concert qui, le beau temps aidant, avait attiré une foule record de 6 000 personnes à l'Amphithéâtre inauguré en 1989 et qui porte depuis l'an dernier le nom du fondateur du Festival, le cher père Fernand Lindsay, décédé il y a deux ans.

Le concert se voulait une reconstitution de celui qui, le 7 mai 1824, à Vienne, marqua la création de la fameuse Neuvième Symphonie. Selon certains historiens, trois extraits de la Missa solemnis ainsi que l'ouverture Die Weihe des Hauses, ou La Consécration de la maison, accompagnaient alors l'oeuvre principale. Lanaudière nous a donné tout cela. Mais ses explications manquaient sérieusement de clarté, tant dans l'original anglais que dans la boiteuse traduction française.

Annoncé pour 19h, le concert commença à 19h12 et se termina trois heures plus tard, allocutions et entracte compris. Nézet-Séguin fut acclamé comme un héros à son entrée. À 22h15, lui et ses troupes reçurent de la foule debout une ovation qui semblait ne devoir jamais finir.

L'ouverture de la Consécration est une bonne pièce de circonstance. Nézet-Séguin avait dirigé la Missa solemnis à Saint-Jean-Baptiste en 2005. Julie Boulianne, alors soliste, revenait samedi soir. Six ans plus tard, et à l'intérieur d'un bloc de 48 minutes (par rapport aux 80 de l'intégrale), le jeune chef souligne avec un relief plus poussé encore l'étonnante modernité de l'oeuvre.

La Neuvième occupe l'après-entracte et totalise 65 minutes. Jusque-là, Nézet-Séguin dirigeait avec la partition. Cette fois, il dirige de mémoire. Les écrans nous le montrent dans un état d'extrême agitation et chantant avec les choristes et les solistes. Les exécutants, les spectateurs aussi, ont-ils vraiment besoin de tant de grimaces, de sourires et de contorsions?...

Pour l'ensemble, il s'agit d'une exécution très satisfaisante, mais non mémorable. Notre jeune maestro a déjà fait beaucoup mieux. Le Scherzo est rythmiquement très marqué, avec des timbales inhabituellement énergiques. L'Adagio laisse peu d'impression. Le finale, aux archets très virtuoses, découvre un choeur de très bon niveau amateur.

Des quatre voix solistes, la plus remarquable est celle de la soprano Layla Claire, au si aigu bien atteint. Une bonne note aussi au ténor claironnant de John Tessier. Mais le mezzo de Julie Boulianne ne passe guère la rampe et le baryton Nathan Berg bafouille sur son récitatif d'entrée.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN, Choeur de l'OM (dir. François Ouimet et Pierre Tourville) et Choeur Fernand-Lindsay (dir. Julien Proulx). Solistes: Layla Claire, soprano, Julie Boulianne, mezzo-soprano, John Tessier, ténor, et Nathan Berg, baryton. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Samedi soir, Amphithéâtre Fernand-Lindsay de Joliette.

Programme consacré à Ludwig van Beethoven:

Ouverture Die Weihe des Hauses, op. 124 (1822)

KyrieCredo et Agnus Dei, ext. de la Missa solemnis, op. 123 (1818-1823)

Symphonie no 9, en ré mineur, op. 125 (1817-1824)