Revenu de nouveaux succès à Leipzig et à Munich, Yannick Nézet-Séguin retrouve pour un long week-end sa ville natale et son Orchestre Métropolitain auquel il reste fidèle. Son premier arrêt était jeudi soir aux Concerts populaires du Centre Pierre-Charbonneau pour un programme russe qui avait attiré environ 1700 personnes, y compris un parterre de tables absolument comble.

Tchaïkovsky occupe le début et la fin du concert. Attendu par tous, le jeune chef à l'allure de petit garçon entre discrètement : costume noir, quelques gestes. Le jeu orchestral n'est pas toujours d'une absolue perfection, l'amplification non plus. Peu importe. Grâce à cette force intérieure quasi palpable qui caractérise habituellement sa direction, Nézet-Séguin recrée immédiatement au sein de l'orchestre le climat sombre et tragique de Roméo et Juliette et le maintient jusqu'à la fin.

Du même Tchaïkovsky, il a placé après l'entracte la rare deuxième Symphonie, op. 17, qu'il avait déjà dirigée à Lanaudière en 2002. Dans la langue de l'auteur, l'oeuvre s'appelle Malorussia, c'est-à-dire Petite Russie, terme qui désigne l'Ukraine. Des éléments folkloriques ukrainiens y sont en effet développés, et ce dès les toutes premières notes, confiées au cor seul. À noter que certains ouvrages - et certains chefs - identifient l'oeuvre sous le nom de Petite-Russienne.

Comme toujours, Nézet-Séguin s'engage corps et âme à défendre cette musique extrêmement bien écrite, brillante et chaleureuse, son orchestre lui répond avec empressement et affection, et le résultat est irrésistible. Malgré des conditions d'écoute non toujours idéales, l'orchestre entier sonne bien, et tout particulièrement les cuivres et les bois.

Après avoir dit quelques mots sur les oeuvres, Nézet-Séguin invita Jean-Philippe Sylvestre à jouer la Rhapsodie sur un thème de Paganini de Rachmaninov. En chemise rouge vif, le jeune pianiste traversa les 24 variations avec une technique éblouissante, une main tour à tour puissante et caressante, et une réelle imagination. L'amplification donnait ici et là une couleur artificielle au piano, chose dont le soliste n'était pas responsable. En rappel, il offrit un petit numéro de jazz avec quelques musiciens de l'orchestre.

ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre : Yannick Nézet-Séguin. Soliste : Jean-Philippe Sylvestre, pianiste. Jeudi soir, Centre Pierre-Charbonneau. Concerts populaires de Montréal. Reprise dimanche, 16 h, Théâtre de verdure du parc La Fontaine.

Programme: Ouverture-fantaisie Roméo et Juliette (1869, rév. 1880) - Tchaïkovsky

Rhapsodie sur un thème de Paganini, pour piano et orchestre, op. 43 (1934) - Rachmaninov

Symphonie no 2, en do mineur, op. 17 (Malorussia) (1872, rév. 1880) - Tchaïkovsky