L'Orchestre Métropolitain distribuait des macarons hier après-midi au concert qui, à la fois, couronnait sa 30e saison et marquait ses adieux à la salle Wilfrid-Pelletier. Bien bons, ces macarons. Mais ce sont plutôt des pastilles contre la toux qu'on aurait dû offrir.

J'ai rarement entendu tousser autant pendant un concert! La quatrième Symphonie de Bruckner, oeuvre de réflexion et de paix, a particulièrement souffert de ce manque de considération pour le message que Yannick Nézet-Séguin et ses musiciens cherchaient à transmettre aux plus de 2000 auditeurs. Sans parler des applaudissements qui remplacèrent les magnifiques silences séparant les mouvements. On en a même entendu en plein milieu du Scherzo, c'est-à-dire avant le trio.

Nous voici donc à la veille d'ouvrir un nouveau chapitre de notre histoire musicale: l'entrée dans la nouvelle salle, prévue pour le début septembre. Tout cela est fort beau. Mais est-ce la peine d'avoir une nouvelle salle si on y retrouve les mêmes tousseurs et les mêmes mauvaises habitudes, comme celle d'applaudir à tort et à travers?

Curieusement, l'OM ouvrait ce programme d'anniversaire avec une oeuvre commandée et créée par Dutoit et l'OSM, Orion de Claude Vivier. On note que l'OM se garde bien de nommer l'OSM dans son programme. La partition a reçu au cours des ans les interprétations les plus diverses. Je placerais celle d'hier (qui faisait 13 minutes) dans la bonne moyenne: a) techniquement assez en place; b) plutôt troublante vers la fin, avec son appel de trombone pareil à un cri humain.

Les deux numéros suivants sont encore des commandes-créations, cette fois de la part de l'OM. Il faut d'abord applaudir l'omniprésent Denys Bouliane pour l'art avec lequel il joue, comme on dit, sur les deux tableaux. À peine le premier volet de son «cycle anticostien» a-t-il été créé par l'OSM que le deuxième volet est pris en mains par l'OM. La chose dure 10 minutes et fait alterner séquences minimalistes et séquences rythmiquement plus complexes.

Né la même année qu'Orion, en 1980, Éric Champagne en reprend textuellement un passage dans sa pièce de huit minutes qui débute comme une tranquille romance pour violon et orchestre. Ai-je bien reconnu Marcelle Mallette au premier-pupitre? En tout cas, c'était fort beau. Dans ses notes, le compositeur parle d'«instruments à vents». J'ose croire qu'il s'agit d'une faute de frappe.

Jusque-là, rien d'un concert mémorable. Le Bruckner est venu sauver l'après-midi. Dirigeant de mémoire et visiblement en grande forme physique et très inspiré, Nézet-Séguin a obtenu de l'orchestre un son étonnamment puissant et une belle respiration collective, avec des contrastes saisissants de force explosive et de tendresse.

Les cuivres de l'OM se sont distingués hier par leur noblesse et leur précision. Les violons ont connu quelques difficultés à l'aigu et les violoncelles, de légers problèmes un peu partout. Un enregistrement de ce Bruckner vient tout juste d'être réalisé - sans ces petits défauts, j'en suis sûr.

J'allais oublier la mascarade assourdissante qui ouvrit le concert, sur le thème grossièrement déformé de la Neuvième de Beethoven. Faut-il vraiment passer par là pour amener les jeunes au concert?...

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ORCHESTRE MÉTROPOLITAIN. Chef d'orchestre: Yannick Nézet-Séguin. Hier après-midi, salle Wilfrid-Pelletier de la Place des Arts.

Programme:

Orion (1980) - Vivier

Kahseta's Tekeni-Ahsen (2011) (création) - Bouliane

Vers les astres (2011) (création) - Champagne

Symphonie no 4, en mi bémol majeur (Romantische) (1874, révision 1878-80)

Bruckner (édition Robert Haas, 1936)